Gynécologue et militant des droits de l’homme, Denis Mukwege offre le premier Nobel de la paix à la RDC. Il est rentré dans l’histoire en tant que « réparateur » des femmes victimes de violences dans des conflits interminables qui embrasent l’est de son pays.
Denis Mukwege : l'humanisme jamais conté d'un expert
« Félicitations, Cher Dr Mukwege pour le prix Nobel de la paix. Une magnifique reconnaissance de votre dévouement pour la cause des femmes ; un motif de joie et de fierté pour l’ensemble de notre Peuple, en ce moment critique de notre histoire », peut-on lire sur la page Twitter de la Lutte pour le changement LUCHA).
Le mouvement citoyen fait partie de nombreuses institutions à travers le monde à avoir rendu hommage au Docteur Denis Mukwege. Lui qui, en compagnie de l’Irakienne Nadia Murad vient de décrocher le prix Nobel de la paix 2018.
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Une récompense qui semblait déjà prévisible. Il y a deux ans, un sondage réalisé par Africanews auprès des internautes, le désignait personnalité africaine de l’année 2016. Les sondés avaient justifié leur choix par le travail de Denis Mukwege dans le Sud-Kivu.
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Une région en proie à des violences perpétrées par des groupes armés qui s’affrontent principalement pour le contrôle des gisements de minerais. Dans ce conflit, le viol des femmes fait partie des armes les plus utilisées. Et des milliers de femmes ont déjà été victimes de ces viols.
Plus de 40000 victimes de violences prises en charge !
Heureusement que ces femmes désespérées ont souvent bénéficié de l’expertise et de l’humanisme de Denis Mukwege. En 16 ans, plus de 40.000 femmes, victimes de violence extrême ont été prises en charge par ce chirurgien natif de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu.
Après les avoir guéries, Denis Mukwege les aide à se reconstruire physiquement et psychologiquement, dans sa cité dénommée “la joie”. Le combat de Denis Mukwege lui a valu des menaces de mort, il échappe même à des tentatives d’assassinat. Le 25 octobre 2012, alors qu’il revenait d’Europe où il avait participé à une conférence sur les violences sexuelles à l’est du Congo, Denis Mukwege est victime d’une tentative d’assassinat sur le pas de sa porte. Il s’exile en Europe avant de se réfugier finalement dans son hôpital sous la protection des Casques bleus.
Son film, « le docteur qui répare les femmes » est d’abord interdit et enfin autorisé en RDC. Sous-titré, La Colère d’Hippocrate, ce film montre le combat du Dr. Mukwege dans cette institution qu’il a créée en 1999. Un combat qui lui a valu des prix dont le Prix Sakharov des droits de l’homme en 2014. En avril 2016, il a reçu le Prix des quatre libertés de Roosevelt dans la catégorie « Liberté d‘être à l’abri du besoin ».
D’autres distinctions
Né en 1955, Mukwege est fils d’un pasteur pentecôtiste. Après des études secondaires à l’Institut Bwindi de sa ville natale, Mukwege est détenteur de plusieurs diplômes dont celui de médecin gynécologue à la faculté de médecine du Burundi.
Une expertise qu’il a mise au service de « ses » sœurs de Bukavu. Ce qui lui a permis de décrocher plusieurs distinctions dont le prix Olaf Palme (2008), prix français des droits de l’homme (2009) prix de la fondation Jacques Chirac pour la prévention des conflits (2013).
Depuis ce vendredi, le nom de Mukwege figure parmi les détenteurs du prix Nobel de la paix.
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