Conscientes de ce qu’il y a une sorte d’incurie dans la lutte contre les auteurs présumés de tueries dans la ville de Beni à l’est de la RDC, des ONG dont Human Rights Watch (HRW) invitent la Cour pénale internationale (CPI) à intervenir.
RDC-tueries à Beni : la CPI appelée à intervenir
Quatre années d’enfer. Ces propos de certains observateurs paraissent certes, alarmistes. C’est tout de même l’impression que donne Beni qui enregistre ces quatre dernières années une série de massacres.
Et l’addition semble déjà très salée. Selon Human Rights Watch (HRW) cette ville du Nord-Kivu à l’est de la RDC a déjà perdu plus de 1000 de ses habitants, presque l‘équivalent de la population de la commune de Messines (1040 habitants) en Belgique.
La dernière tuerie en date est celle qui a fait le 22 septembre dernier 17 victimes. Deux jours plus tard, près de 16 personnes (pour la plupart des enfants) ont été kidnappées et manquent jusqu’ici à l’appel. Depuis le début de cette année, 100 attaques ont été perpétrées pour 235 civils tués.
Et qui sont ces assaillants ? Même s’il n’a pas l’habitude de revendiquer ces actions, le groupe islamiste venu d’Ouganda dénommé Forces démocratiques alliées (ADF), figure souvent au premier rang de la liste des suspects établie par les autorités congolaises, la MONUSCO et des ONG.
Officiers, chefs de milices,...sur la sellette
Mais, il semble qu’il y ait des profito-situationnistes qui agissent parallèlement aux ADF. Selon des ONG de défenses des droits de l’homme dont HRW et d’autres institutions telles que le Groupe d’experts de l’ONU sur le Congo basé à New-York, des officiers de l’armée congolaise seraient impliqués dans ces massacres.
Sanctionné par l’Union européenne en 2017, le général Muhindo Akili Mundos, est depuis le début de cette année inscrit sur la liste noire de l’ONU parce que constituant « une menace pour la paix, la stabilité et la sécurité en RDC ».
Cet officier des Forces armées de la RDC (FARDC) proche du président Kabila est, en effet, mis en cause dans des massacres de civils commis à Beni en 2014. Lors du procès en 2015 de membres présumés des ADF, le général n’a pas été jugés, même si quelque 130 personnes ont été condamnées.
Il y a aussi des groupes armés locaux dont la milice Mai Mai et le Congo-Renové dont les responsables sont aussi pointés du doigt dans des tueries.
Cependant, quels que soient les auteurs, l’insécurité de Beni inquiète des institutions dont Médecins sans frontières qui a visiblement du mal à se déployer dans la zone pour administrer des soins et empêcher la propagation d’Ebola qui a déjà fait près de 70 décès depuis août.
La CPI appelée à la rescousse
Un tel climat ne peut qu’accentuer le malaise et la colère des populations. Des mouvements de jeunes dont la Lutte pour le changement (LUCHA) organisent très souvent des manifestations contre l’insécurité à Beni. Mais, ces manifestations sont souvent réprimées, parfois dans le sang.
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Or, « Beni a besoin de davantage d’action internationale pour protéger les civils, traduire les coupables en justice, et aider les soignants qui s’efforcent de lutter contre Ebola », selon Ida Sawyer, directrice pour l’Afrique centrale de HRW.
L’institution invite ainsi la Cour pénale internationale (CPI) à sévir pour punir les auteurs de ces massacres de Beni. « La Cour pénale internationale devrait enquêter sur les massacres commis dans cette zone où sévit le virus Ebola », écrit HRW sur son site.
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