Tourisme et alimentation halal en pleine croissance

Le tourisme halal a connu une croissance presque deux fois plus rapide que celle de l’industrie au cours des dernières années, des hôtels de charme ayant été créés pour répondre aux besoins du marché des millennials.

Certains hôtels des Emirats arabes unis ne servent pas d’alcool et que de la nourriture halal. Ils ont des salles de sport séparées pour les hommes et les femmes, des plages réservées à la gent féminine et du personnel exclusivement féminin pour garantir leur intimité. Les établissements ont des salles de prière, des chambres conçues pour les familles, sans fêtes bruyantes, sans possibilité de faire des jeux d’argent… pour privilégier une expérience familiale.

Le marché du voyage musulman est évalué à 169 milliards de dollars, sans compter le Haj et d’autres pèlerinages religieux, et il a représenté environ 12% des dépenses du marché mondial. Ce qui en fait le deuxième marché du voyage au monde après la Chine. Et il n’est pas près de ralentir. Il devrait représenter 14% des dépenses de voyage mondiales d’ici à 2022.

Selon un rapport de 2017 du “Global Muslim Travel Index”, la génération des millennials est le principal moteur de croissance du marché de voyages musulmans. Les principaux pays à fournir des services pour les touristes halal sont en majorité musulmans comme la Malaisie, les EAU, la Turquie et l’Indonésie. En Europe, des pays comme la Norvège proposent des produits locaux préparés selon les règles halal et ont des visites spécifiques pour les touristes musulmans toujours plus nombreux.

Aucune standardisation halal

Il y a de nombreuses opportunités pour des startup qui proposent de la nourriture halal et pour de nouveaux produits qui pourraient faire leur apparition sur le marché. Le problème c’est qu’il n’y a pas de standardisation halal et cela menace de freiner la croissance du secteur. La nourriture halal est le secteur le plus vaste et le plus diversifié de l’économie islamique. Pour ce qui est de la nourriture et des boissons, le halal se réfère à ce qui est permis par la loi islamique. Les animaux doivent être abattus et transformés d’une manière particulière et les produits ne peuvent contenir de porc ou d’alcool.

Selon un rapport publié par le Centre de développement de l‘économie islamique de Dubaï et Reuters, la Malaisie est le leader mondial dans le classement de la nourriture halal, suivie des Emirats arabes unis qui ont fait des progrès significatifs pour devenir un point de référence pour la réglementation mondiale de l’industrie alimentaire halal… L’expansion du secteur a entraîné le lancement de tout… des aliments halals pour bébés aux confiseries halal, en passant par les plats cuisinés… Mais le fait qu’il n’existe pas de norme unifiée halal freine le potentiel de cette industrie.

L’Autorité émiratie de normalisation, est un organisme responsable de toutes les normes et lignes directrices liées à la santé, à la sécurité, à la protection des consommateurs et à la certification – notamment en matière de surveillance de l’industrie alimentaire halal. A ce jour, l’organisme a certifié près de 200 entreprises émiraties et plus de 7.000 produits halal, dont 95% dans le secteur alimentaire. Un secteur qui pourrait croître de 10% par an. Son excellence Abdulla Al Maeeni, directeur général de cet organisme, est avec nous dans Inspire. Il nous parle des freins à la croissance de l’industrie halal dans la région.

Gélatine halal-friendly

RMD : Aujourd’hui les Emirats veulent être un laboratoire mondial pour l’industrie alimentaire halal, un pont entre l’Orient et l’Occident. Que fait votre organisme pour servir cette ambition ?

Abdulla Al Maeeni : Fin 2014 les Emirats ont émis des règles pour surveiller les produits Halal. Elles consistent à définir des conditions d’accréditations, des exigences de certification, définir les exigences imposées aux usines ou aux abattoirs ou à tout lieu de production de produits halal ou de prestation de services halal. Ce système est fondé sur des normes internationales et c’est le premier au monde. Il devrait aider les Emirats Arabes Unis à atteindre leur objectif stratégique, en faisant des émirats et de Dubaï le centre et la capitale de l‘économie islamique du monde.

RMD : Certains disent que le manque de standardisation pour ce qui est de la certification des aliments halals est le plus grand obstacle pour que cette industrie se développe. Etes-vous d’accord, et si oui, que faudrait-il pour changer cela ?

Abdulla Al Maeeni : Je suis d’accord parce qu’un producteur ne peut pas concurrencer sur le marché avec d’autres sortes de produits. Donc c’est aussi un défi pour les fabricants, mais dès lors qu’on aura des normes, ils pourront produire dans de plus grandes quantités parce que davantage de gens ou de marchés accepteront le même produit.

RMD : Que manque-il dans le monde du halal? J’ai entendu parler de millennials désireux de plats bio tout prêts et de nourriture pour bébé certifiée halal.

Abdulla Al Maeeni : Nous ne voulons pas que les gens se trompent sur le halal. C’est une barrière pour le commerce. En termes de halal, il manque malheureusement les bonnes connaissances. De nombreuses entreprises, en particulier en Europe ou dans la partie Ouest du monde, ne comprennent pas le halal.

RMD : Qu’est ce qu’il ne comprennent pas ?

Abdulla Al Maeeni : Par exemple, ils ne savent pas particulièrement ce qu’ils doivent mettre en œuvre ou ce qu’ils doivent faire pour être halal, pour produire un produit halal. Je vous donne juste un exemple. Nous sommes allés dans un pays d’Europe et le propriétaire de l’usine m’a demandé “de “produire des produits halal”. J’ai donc demandé à mon équipe technique de s’asseoir avec lui. Ils ont passé en revue les ingrédients, et ils ont changé un ingrédient pour des ingrédients moins chers, et maintenant, neuf usines de ce groupe sont devenues “halal”. Le propriétaire a beaucoup économisé par rapport à ce qu’il faisait auparavant.

RMD : Aujourd’hui les recherches aux Emirats envisagent de produire une gelatine “halal-friendly” à partir de peau de chameau. Vous avez entendu parler du concept? Cherchez vous à vous associer à des entreprises pour la développer ?

Abdulla Al Maeeni : Nous sommes en contact pour cela et nous avons des partenariats avec le secteur privé. Les émirats arabe unis sont considérés comme des pionniers et des leaders dans le secteur de l’industrie des chameaux. Ils font partie de nos comités techniques de développement des normes. Donc, c’est là que nous partageons les connaissances.

RMD : Pensez-vous que ça pourrait être une réalité dans les années à venir ?

Abdulla Al Maeeni : Oui. Nous avons déjà des glaces au lait de chamelle, du chocolat, du shampoing, donc je pense que la gélatine n’est pas impossible.

RMD : Selon vous, l’industrie “halal” pourrait-elle un jour devancer l’industrie au sens large ?

Abdulla Al Maeeni : Oui, cela arrivera bientôt. Si vous regardez les différents éléments des différents secteurs de l’industrie mondiale vous trouverez l’industrie halal dans la plupart des secteurs qui font plus de 15%, donc le halal aura un impact fort sur l’industrie en général d’ici quelques années.

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