Alors que les plus vieilles formes de calligraphie datent du 7ème siècle, cet art évolue avec le temps. Il est mis en lumière par les Autorité des Musées de Sharjah aux Emirats Arabes Unis avec l’exposition “Au-delà de la lettre”. Le musée des arts islamiques de Malaisie s’est associé avec les organisateurs de Sharjah pour exposer de nombreuses pièces de certains des plus grands calligraphes du monde, jamais vues auparavant. Des artistes très connus comme l’Egyptien Ahmed Moustafa, dont les oeuvres ont été exposées sur les murs du British Museum et l’Université du Vatican à Rome, font partie de l’exposition.
Inspire Middle East : la calligraphie pour réécrire l'histoire
Pour représenter le Japon, le calligraphe arabe Fuad Kouichi Honda. Un maître dans l’art de la calligraphie, connu pour ses gravures de lettres en surimpression.
Rebecca Mac Laughlin Duane a pu rencontrer le maître de la calligraphie Khaled Al Saai. C’est un artiste, un conservateur et un expert réputé dans son domaine. Les oeuvres de Khaled ont été exposées dans les plus grands lieux culturels d’Europe, des Etats-Unis et du Moyen-Orient. La plupart de son travail s’inspire de son pays natal, la Syrie, de la poésie de Khalil Gibran et de la littérature de Dylan Thomas. Ses oeuvres oscillent entre deux types de scripts calligraphiques, le Thuluth et le style ottoman Diwany. L’artiste ne se contente pas de créer sur de la céramique ou de la toile, il a même pris l’habitude d‘écrire sur l’eau.
Rebecca Mac Laughlin Duane : En 1997 vous avez été nommé meilleur calligraphe du monde dans un festival à Téhéran. C’est grâce à votre style que vous avez eu cet honneur ?
Khaled Al Saai : Je crois que je fais quelque chose au-delà de la tradition, au-delà de la calligraphie classique. La calligraphie traditionnelle suit certaines règles, certaines méthodes que j’ai essayé de contourner en utilisant de nouvelles techniques, de nouvelles couleurs et de nouvelles compositions. Le plus important est d’essayer de transformer tout le point ou le verset en un aspect visuel.
RMD : Vous avez enseigné la calligraphie dans les plus grands centres de formation du monde, dont Yale aux Etats-Unis. Cela fait quoi d‘être suivi au-delà des frontières de cette région ?
KAS : Je crois que le plus important est la facon dont on communique. Comment trouver le lien avec les gens, avec le public. Il y a des mentalités différentes, des gens différents, des religions différentes, des passés différents donc il est important de connaître leur manière de penser, leur facon d’apprécier l’art et de s’en imprégner.
RMD : Traditionnellement les élèves en calligraphie apprennent en regardant l‘écriture cursive et angulaire de leur professeur. Est-ce comme cela que vous enseignez ?
KAS : Non. J’ai une manière très différente d’enseigner mais la calligraphie traditionnelle est toujours présente dans des institutions comme Sharjah, en Turquie, en Egypte et au Maroc. Aujourd’hui certains artistes veulent enseigner la calligraphie dans un certain but pas seulement pour être des calligraphes traditionnels.
RMD : La calligraphie est née et s’est développée de plusieurs manières différentes à travers les siècles en Turquie, en Chine et au Moyen-Orient bien sûr, est ce que cela continue ?
KAS : Je pense qu’il s’agit plus du moyen. Par exemple, nous obtenons plus de deux cents scripts Kufi différents, alors imaginez la gamme. Et dans celle-ci vous pouvez écrire n’importe quel mot dans plus de mille formes différentes. Mais ce qui est très important c’est la manière dont l’artiste fait sa propre version. Certains avec des outils traditionnels, d’autres sur une toile ou une sculpture ou sur la lumière ou en 3D.
RMD : La calligraphie a des racines religieuses profondes, c’est l’expression artistique de plusieurs cultures islamiques, croyez vous que ca sera toujours le cas ?
KAS : Pour des calligraphes traditionnels ca le restera mais pour d’autres artistes cela a changé depuis 30, 40 ans. C’est un art très personnel. J’ai abandonné l’aspect religieux dans le sens où je peux m’exprimer grâce à cet art. Je peux créer des paysages, je peux m’engager avec la nature, avec le divin, avec la musique. J’interagis avec un autre type d’art.
Certains sites préhistoriques de Sharjah renferment les secrets de la vie aux Emirats il y a des centaines de milliers d’année. Abdul Karim Hanif s’est rendu dans le village de Mleiha qui nous offre un petit apercu de cette vie d’avant. Ces 40 dernières années, les archéologues ont exhumés de l’artisanat et 120 fondements de sépultures datant du Paléolithique, du Néolithique, et des périodes pré-islamiques de l‘âge du Bronze et du Fer. Et a Jebel Faya, l’un des sites les plus anciens, des pierre et des silex du Moyen-Age ont été trouvés.
Mleiha voudrait faire partie de la liste du patrimoine mondiale de l’UNESCO. Si cela fonctionne, elle rejoindra les 4 sites de la vile d’Al Ain qui répondent aux critères strictes de l’organisation des nations Unies et gagnera en fréquentation. Augmenter le nombre d‘éco touristes sur le site archéologique ne déplairait pas à Sharjah qui espère attirer 10 millions de visiteurs annuels d’ici à 2021. Réponse pour le dossier de l’UNESCO en 2019.