La peur gagne du terrain en Ouganda. Le pays jadis reconnu pour sa sécurité fait face à une série de meurtres qui ont fini par faire sortir le chef de l’Etat Yoweri Museveni de son mutisme.
Face à l'insécurité croissante, l'Ouganda veut collecter l'ADN de tous ses citoyens
De mystérieuses morts d‘étrangers et de citoyens locaux troublent la quiétude des Ougandais ces derniers mois. Rien que le mois dernier, quatre Européens ont été retrouvés morts dans le pays. Les corps sans vie d’un Finlandais et d’un Suédois ont été découverts dans leurs chambres d’hôtel respectives. Et selon les rapports de police, il pourrait bien s’agir d’assassinats. Un Belge se serait suicidé, tandis qu’un autre aurait été frappé d’une crise cardiaque.
Dans la foulée, début février, une jeune femme a été kidnappée. Plus tard, ses ravisseurs lui ont sectionné deux doigts qu’ils ont fait parvenir à sa famille afin qu’elle paie une rançon d’un million de dollars. Le corps de la victime a été retrouvé sur une autoroute en début de semaine.
Cette histoire a suscité une vive émotion dans le pays au point de faire réagir le chef de l’Etat Yoweri Museveni. Sur son compte Twitter, ce mercredi, le président ougandais a émis l‘éventualité de répertorier l’ADN de tous les citoyens vivant dans le pays, en vue d’endiguer la criminalité. Il a par ailleurs promis de tout faire pour arrêter les tueurs de la jeune femme.
Querelles dans l’appareil sécuritaire
Une volonté à n’en point douter. Mais en a-t-il encore les pleins pouvoirs dans un contexte de querelles persistantes entre ses principaux chefs de la sécurité. Des guéguerres que le président a d’ailleurs lui-même reconnues, appelant les protagonistes à les cesser.
Ces dernières semaines, les journaux locaux, y compris New Vision, reconnu comme pro-gouvernemental, ont fait état de conflits entre la police et l’Organisation de la sécurité intérieure, une agence d’espionnage qui relève du lieutenant général Henry Tumukunde, un rival du chef de la police, le général Kale Kayihura. Certains alliés présumés de ce dernier ont été arrêtés et accusés de crimes tels que des enlèvements, de quoi faire dire à certains que le chef de la police n’a plus les faveurs du président Museveni.
Pour beaucoup, ces conflits effritent considérablement la réputation de l’Ouganda en termes de sécurité, considérée comme l’une des forces de Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986.
“En fin de compte, c’est une question de gouvernance. L’anarchie est favorisée par une mauvaise gouvernance”, a déclaré Ladislaus Rwakafuuzi, un avocat local des droits de l’homme.
Alors que plusieurs ténors de l’opposition, dont son chef Kizza Besigye, sont régulièrement mis aux arrêts, certains Ougandais qui pointent des arrestations politique estiment que les forces de sécurité devraient davantage s’appesantir sur les meurtres mystérieux. Entre juin et septembre 2017, une vingtaine d’Ougandaises ont été tuées dans la région adjacente à la capitale, Kampala. La plupart de ces cas n’ont pas encore été résolus.