Le Parlement tunisien a validé jeudi la nomination d’un nouveau gouverneur pour la banque centrale, Marouane El Abassi, ex-économiste de la Banque mondiale, après la démission la veille de son prédécesseur en raison d’une polémique.
Tunisie : nouveau gouverneur pour la banque centrale
“Mes principales inquiétudes sont l’inflation, le déficit de la balance de paiements, et l‘économie parallèle”, a déclaré devant le Parlement M. Abassi, qui était depuis 2010 le représentant de la Banque mondiale en Libye.
“Ce sont les défis les plus importants et les plus difficiles”, a-t-il ajouté.
L’inflation a dépassé les 5% sur l’ensemble de l’année 2017 et devrait continuer à croître selon de nombreux observateurs, notamment à cause de la chute du dinar et de la hausse des impôts. Le déficit commercial atteint quand à lui des chiffres records, dépassant les 14 milliards de dinars (4,8 mds euros).
La nomination de M. Abassi a été validée par 134 voix sur 217.
L’ancien gouverneur Chedly Ayari, 84 ans, dont le mandat s’achevait en juillet, a présenté sa démission mercredi soir, à la veille du vote du Parlement qui devait également s’exprimer sur sa révocation, demandée par le Premier ministre Youssef Chahed.
M. Ayari a déploré devant une commission parlementaire mercredi “une grande humiliation”, en allusion aux circonstances entourant la demande de sa révocation, ainsi qu’au bruit médiatique entourant l’arrestation pour blanchiment et corruption d’agents de la Banque centrale.
Le gouvernement avait demandé la semaine dernière la révocation de M. Ayari quelques heures après que le Parlement européen a confirmé le classement de la Tunisie sur sa liste noire en matière de blanchiment d’argent et corruption, déclenchant une vive polémique.
Quelques jours plus tard, la presse avait annoncé l’arrestation d’agents de la Banque centrale dans une enquête pour trafic de devises, et certains avaient pointé du doigt M. Ayari, ce que ce dernier a qualifié de “mesquin et vil”.
Ces incidents interviennent alors que la Banque centrale tunisienne est déjà sous pression avec des réserves en devises particulièrement basses, couvrant 84 jours d’importations, selon ses statistiques. C’est le niveau le plus bas depuis 14 ans.
En outre, le pays s’apprête à emprunter sur les marchés internationaux pour boucler son budget et combler ses besoins en devises.
Le porte-parole du gouvernement Iyed Dahmani a assuré jeudi à la presse que ces remous n’auraient pas de conséquences sur ce dossier, estimant que “la possibilité d’emprunter dépend d’un seul facteur: la capacité de l’Etat de rendre l’argent emprunté”
AFP