Des escadrons de la gendarmerie camerounaise ont mené lundi une opération au sein des communautés camerounaises anglophones réfugiées au Nigeria voisin, ont révélé mercredi à l’AFP plusieurs sources concordantes.
Opération au Nigeria des forces de sécurité camerounaises
“Des forces de sécurité sont venues des communautés du pays voisins au niveau du district de Boki” à la frontière entre le Nigeria et le Cameroun, a confié John Inaku, directeur général de l’Agence locale de gestion des urgences (Sema) pour l’Etat de Cross River.
“Ce n’est pas la première fois que cela se produit”, souligne-t-il. “En décembre, ils étaient dans le district d’Ekang”.
Un journal nigérian a rapporté mercredi que 80 gendarmes camerounais ont envahi le village de Danare, où ont trouvé refuge des milliers de personnes fuyant les violences perpétrées dans la région anglophone du Cameroun.
Selon des sources anonymes citées par The Punch, “les gendarmes sont venus combattre les militants (camerounais anglophones) qui se sont réfugiés dans la communauté”.
“Ceci est un problème qui dépasse nos frontières, et il est traité au plus haut niveau du gouvernement” nigérian, a expliqué Jude Ngaji, conseiller en sécurité pour l’Etat de Cross River cité par The Punch.
Une source de la police locale contactée par l’AFP, a confirmé ces allégations, assurant que “oui, c’est vrai”, mais n’a pas souhaité donner plus de détails sur les circonstances de la “présence d’hommes sur le territoire” nigérian.
Les vélléités d’indépendance du Cameroun anglophone et la présence de près de 30.000 réfugiés au Nigeria est source de tensions entre les deux pays.
Le Nigeria, qui est également confronté à un mouvement indépendantiste des Biafrais dans le sud-est du pays, s’est toutefois rangé du côté du gouvernement camerounais ces dernières semaines, marquant un tournant important dans la crise.
Le président du mouvement séparatiste anglophone, Sisiku Ayuk Tabe, détenu au Nigeria depuis le 5 janvier, a été extradé lundi à Yaoundé avec 46 de ses partisans, considérés comme des “terroristes” par Yaoundé.
Mi-janvier, Amnesty International s‘était inquiétée du sort des séparatistes détenus au Nigeria, estimant qu’ils “pourraient être menacés de torture et (s’exposer à un) procès inéquitable” dans leur pays d’origine.
Le Cameroun s’est félicité lundi “du caractère excellent de la coopération multiforme qu’entretiennent le Nigeria et le Cameroun, notamment au plan sécuritaire”, selon son ministre de la communication, Issy Tchiroma Bakary.
Dans la même déclaration, M Tchiroma a asséné la “détermination des gouvernements des deux pays (…) à ne jamais tolérer que leurs territoires servent de base à des activités de déstabilisation dirigées contre l’un d’entre eux”.
AFP