Les banques de sang en Ouganda se vident. Le phénomène est tellement alarmant que les médecins ont appelé le gouvernement à la rescousse pour mobiliser des fonds et encourager les Ougandais à faire don de leur sang.
Crise du sang en Ouganda, les médecins appellent à la solidarité
Dans la banque de sang du ministère de la Santé sise à Kampala, la capitale ougandaise, plus que 150 unités de sang, pas assez pour répondre aux exigences d’une journée dans la seule ville de Kampala. Depuis lundi, une collecte de sang de six jours a donc été lancée pour renflouer le stock.
À l‘échelle nationale, l’Ouganda a besoin d’au moins 340 000 unités de sang sain par an, mais n’en collecte habituellement que 200 000 par an.
Selon l’Uganda Medical Association, organisation faîtière de médecins de la santé publique, la pénurie atteint des niveaux records à tel point qu’elle frôle la “crise”, entraînant l’annulation de certaines opérations chirurgicales.
“C’est un gros problème national. C’est le niveau d’urgence, une crise. Presque tous les hôpitaux crient au sang. Presque tous les hôpitaux régionaux de référence se plaignent du manque de sang”, alarme Mukuzi Muhereza, le secrétaire général de l’association.
Derrière ce manque criard, deux problèmes fondamentaux : le manque de moyens financiers et le manque d’engouement de la population.
Le budget ougandais de la santé a été ramené de 1 850 de milliards de shillings (environ 500 millions de dollars) pour l’exercice en cours à 1 714 de milliards de shillings (quelque 471 millions de dollars) en 2018-2019. En 2017, sur les 5 millions de dollars nécessaires au fonctionnement du service national de transfusion sanguine, seuls 3 millions ont été perçus.
Actuellement, environ 2 millions de dollars supplémentaires sont nécessaires pour l’achat de kits des donneurs, pour les tests, et pour financer les collectes de sang, afin de remettre le service sur les rails dans les six prochains mois. Sarah Opendi, la ministre ougandaise de la Santé dit avoir soumis ce budget au gouvernement, mais l’argent n’est toujours pas disponible.
Cependant, la ministre relève une question préoccupante, le manque d’engouement des populations. A ce jour, seuls les étudiants participent activement au don de sang. Pourtant, toute personne âgée de 17 à 65 ans, en bonne santé, peut donner son sang, souligne-t-elle.
Pour pallier ce problème, Mukuzi Muhereza propose de décentraliser les centres de collectes afin de permettre aux centres régionaux de faire leur propre collecte. “Si vous décentralisez à la source, nous pouvons toujours encourager les gens à faire un don. Mais vous ne pouvez pas donner de sang à Gulu lorsque les services de transfusion sanguine sont à Kampala”, a-t-il fait remarquer.