L'Ouganda inculpe 45 Rwandais pour "terrorisme"

La police ougandaise a annoncé vendredi avoir inculpé pour “terrorisme” 45 citoyens rwandais qui avaient été arrêtés le 11 décembre à la frontière entre l’Ouganda et la Tanzanie.

“Nous avons arrêté 43 suspects rwandais à la frontière avec la Tanzanie le 11 décembre 2017, et après une enquête plus poussée deux autres suspects ont été arrêtés. Tous avaient de faux documents d’identification et de voyage”, a indiqué à l’AFP le porte-parole de la police ougandaise, Emilian Kayima.

“L’enquête a été menée à son terme et les 45 citoyens rwandais ont été inculpés de possession de faux documents, de fausse identité et de graves accusations de terrorisme, car leurs intentions pointaient vers cela”, a-t-il ajouté.

Selon M. Kayima, ils sont détenus à la prison de Nalufenya, dans l’est de l’Ouganda, habituellement réservée aux personnes suspectées de terrorisme ou d’implication dans des groupes rebelles.

Ces 45 Rwandais vivaient en Ouganda et affirment qu’ils se rendaient en mission évangélique en Tanzanie. Mais le Rwanda les accuse d‘être des membres du Congrès national du Rwanda (RNC), parti d’opposition en exil formé par d’anciens proches du président rwandais Paul Kagame et que Kigali qualifie de “terroriste”.

L’Ouganda et le Rwanda, deux voisins de la région des Grands Lacs, ont une relation compliquée, les présidents Yoweri Museveni et Paul Kagame rivalisant pour l’influence régionale. Récemment les tensions se sont accrues.

De longue date, le gouvernement rwandais reproche à l’Ouganda d’abriter sur son sol des dissidents, dont ceux du RNC.

Le 13 décembre, deux jours après leur arrestation, le Rwanda a fait pression sur l’Ouganda pour qu’il inculpe les 45 en l’accusant dans une missive diplomatique de faciliter le recrutement des rebelles et de favoriser leur transfert vers des camps d’entraînement situés selon lui en République démocratique du Congo.

Dans cette même lettre, Kigali a par ailleurs dénoncé “de multiples arrestations injustifiées” et le “mauvais traitement” de citoyens rwandais en Ouganda depuis plusieurs mois.

Plusieurs Rwandais, dont des membres du Front patriotique rwandais (FPR), le parti au pouvoir à Kigali, ont été arrêtés récemment en Ouganda.

Les autorités ougandaises les accusent de traquer les opposants au régime rwandais réfugiés en Ouganda pour les enlever et les tuer. Cette accusation est appuyée par des groupes de défense des droits de l’homme, mais contestée par Kigali.

AFP
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