Le roi du Maroc Mohammed VI a estimé vendredi que le modèle de développement de son pays était aujourd’hui incapable de “satisfaire les demandes” des Marocains, appelant le gouvernement à le “reconsidérer”.
Maroc : Mohammed VI appelle à un "nouveau modèle de développement" sur fond de contestation
Les Marocains ont besoin d’une “justice équitable et efficace”, d’un “enseignement de qualité”, de “bons services de santé”, d’une “administration loin de toute forme de clientélisme”, a-t-il affirmé dans un discours devant le Parlement pour l’ouverture de la nouvelle année législative, relayé par l’agence officielle MAP.
Or, le “modèle de développement national (...) s’avère aujourd’hui inapte à satisfaire les demandes pressantes et les besoins croissants des citoyens (...) à réduire (...) les écarts territoriaux et à réaliser la justice sociale”, a-t-il martelé.
Le Maroc est marqué par de criantes inégalités sociales et territoriales.
Cet état des lieux fait manifestement écho à la crise que traverse depuis un an le Rif (nord), théâtre d’un mouvement de contestation populaire qui revendique le développement de la région. Des projets d’infrastructures qui devaient y être lancés en 2015 avaient connu du retard, participant à aggraver la situation.
La région pauvre de Zagora, dans le sud du pays, connait elle une pénurie d’eau depuis le début de l‘été, qui a donné lieu à des marches de protestation pour réclamer des solutions.
Un rapport officiel rendu public début octobre avait par ailleurs fait état d’une persistance de la pauvreté dans le milieu rural et les zones enclavées.
Mohammed VI a ainsi exhorté le gouvernement et les différentes institutions du pays à fournir des “propositions et des mesures” pour “l’élaboration d’un nouveau modèle de développement”, en phase avec “les évolutions que connaît le Maroc”.
Il a également appelé à une mise en œuvre “pleine et entière” du projet de “régionalisation avancée”.
Ce vaste projet lancé par Rabat en 2010, qui s’appuie sur une décentralisation de l’administration, peine en effet à se concrétiser.
Mohammed VI a affirmé que les progrès enregistrés au Maroc ne profitaient pas aux “jeunes qui représentent plus d’un tiers de la population. Parmi eux, nombreux sont ceux qui souffrent de l’exclusion, du chômage”.
Les médias locaux tirent régulièrement la sonnette d’alarme sur le taux de chômage particulièrement élevé chez les jeunes, et qui constitue une “bombe à retardement” pour le royaume.
Dans son allocution, le monarque a par ailleurs annoncé la création d’un ministère délégué en charge des affaires africaines, alors que le royaume mène une offensive diplomatique sur le continent.
AFP