La présence des vestiges de la colonisation en Afrique est un sujet sensible. En témoigne la récente polémique autour de la statue de l’ancien dirigeant colonial Louis Faidherbe au Sénégal.
Faut-il supprimer les symboles coloniaux? [Culture TMC]
Lorsque la statue est tombée, beaucoup de Sénégalais y ont vu un signe positif. L’histoire aurait pu s’arrêter là.
Sauf que cela a créé une polémique, car il ne s’agit pas de n’importe quelle statue. Elle représente un ancien dirigeant colonial : Louis Faidherbe (gouverneur français du Sénégal dans les années 1800).
Lorsque la statue est tombée, beaucoup de Sénégalais y ont vu un signe positif. Et se sont dit : c’est tant mieux, et c’est l’occasion de la remplacer plutôt par une figure historique locale.
Réponse du ministère de la Culture du Sénégal : la statue sera bel et bien réinstallée le plus tôt possible. La ville de Saint-Louis est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO et cette statue fait partie de notre patrimoine. Et la statue a été réinstallée il y a quelques jours malgré les protestations.
Et cet exemple montre que la présence de symboles coloniaux est encore un sujet sensible.
Sauf que des vestiges de la colonisation, il y en a beaucoup sur le continent. Il n’y a pas que les statues.
À commencer par les noms de villes ou de pays. Certains pays ont décidé par exemple de changer leurs noms hérités de la colonisation. C’est le cas entre autres de la Rhodésie devenue le Zimbabwe, ou des villes comme Leopoldville du nom du roi des Belges, qui est devenue Kinshasa.
Dans les pays anglophones, on retrouve des vestiges du colonialisme britannique dans les tribunaux. Avec leurs drôles de perruques blondes symbole du système judiciaire anglais et qui sont encore portées aujourd’hui par des juges et des avocats dans des pays comme le Kenya, le Zimbabwe ou le Nigeria.
Alors dans ce débat assez passionné, il y a d’un côté ceux qui pensent que certains vestiges de la colonisation sont une insulte et doivent être supprimés. Et de l’autre côté, il y a ceux qui estiment que cette histoire coloniale, aussi douloureuse soit-elle, ne peut pas être gommée.
C’est l’avis de l’historien malien Doulaye Konaté, il est président de l’association des historiens africains. Et selon lui, un début de solution serait de faire plus de place aux figures historiques nationales, mais surtout de mieux enseigner l’histoire coloniale.
Et ce débat sur les symboles coloniaux ou esclavagistes ne touche pas que l’Afrique. Les pays occidentaux aussi sont concernés.
Souvenez-vous il y a quelques mois à Charlottesville aux Etats-Unis il y a eu des manifestations de suprémacistes Blancs. Ils protestaient contre la décision de la ville de retirer la statue du général Lee, un chef de guerre qui était dans le camp des esclavagistes lors de la guerre de Sécession (qui a eu lieu entre 1861 et 1865 entre les états du nord des Etats-Unis qui voulaient abolir l’esclavage et les états du Sud qui eux, voulaient le maintenir).
Sethembile Msezane est une artiste sud-africaine. Son pays regorge de monuments rendant hommage à des personnalités qui ont joué un rôle dans la mise en place et le maintien de l’apartheid. Et cette artiste en avait assez selon ses propos de retrouver ces symboles dans son quotidien. Alors elle a voulu protester à sa manière en posant comme statue vivante. Le but étant de créer un débat sur la présence de tous ces vestiges de l’apartheid dans les espaces publics en Afrique du Sud.