L’Italie a mobilisé des navires militaires dans les eaux territoriales libyennes afin de traquer les bateaux transportants des migrants. La décision de Rome n’est cependant pas passée comme lettre à la poste. Des Libyens y voient une aliénation de leur souveraineté nationale.
La présence militaire italienne dans les eaux libyennes fait débat
De quoi susciter la colère de Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est. Le patron de l’armée nationale libyenne s’est voulu d’ailleurs très menaçant. “Le maréchal Khalifa Haftar a donné des ordres à l‘état-major de la marine d’empêcher l’entrée de tout navire étranger dans les eaux territoriales libyennes sans autorisation de l’ANL – Armée nationale libyenne NDLR -” , a déclaré Khalifa al-Obeidin, porte-parole du commandement général de l’ANL.
Les députés libyens sollicitent d’ailleurs une réaction de l’ONU sur le sujet. Alors que le Parlement libyen s’est opposé à tout accord qui n’aurait pas reçu son feu vert.
Pourtant, les Italiens disent avoir agi à la demande de Tripoli. ‘‘Nous avons reçu une lettre de Fayez Al-Sarraj, pour assister logistiquement le gouvernement dans les eaux territoriales libyennes avec des bateaux militaires, a déclaré le ministère italien de la Défense.
L’argument est botté en touche par le Premier ministre du gouvernement libyen d’union nationale. Fayez Al Sarraj ne reconnaît pas avoir autorisé l’Italie à déployer sa flotte dans les eaux territoriales de son pays pour lutter contre l’immigration clandestine lors de son passage le 8 août à Rome.
“Le gouvernement n’a jamais autorisé l’Italie à déployer sa flotte dans les eaux territoriales libyennes, pour lutter contre le trafic d‘êtres humains et pour stopper les migrants”, a déclaré le Premier ministre libyen. Une sortie pour tenter peut-être de calmer les critiques dont il est l’objet dans son pays depuis le déclenchement de cette affaire. Fayez Al-Sarraj est en effet qualifié de ‘‘traître’‘.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 100 000 migrants sont arrivés en Europe par la mer depuis le début de l’année, plus de 95 000 d’entre eux ont posé leurs valises en Italie.