Elections au Kenya : Facebook en croisade contre les "fake news"

Le réseau social Facebook vient de mettre à la disposition des Kényans un outil pour détecter les fausses informations partagées sur sa plateforme, dans le cadre des élections au Kenya prévues le 9 août.

Il s’agit d’un ensemble de 10 conseils auxquels devraient se fier les utilisateurs Facebook pour détecter les informations mensongères. Ces conseils publiés en anglais et en swahili apparaîtront au-dessus de la News Feed et incluront entre autres l’inspection approfondie des URL, la vérification des dates et des photos, et l‘étude des sources d’une histoire.

Ajouté à cela, Facebook prévoit, en partenariat avec WhatsApp, de mener une campagne publicitaire dans la presse nationale et les stations de radio, toujours pour informer les Kényans des moyens de distinguer les fausses informations. “Nous prenons sérieusement en compte les fausses informations parce que les gens veulent voir des informations précises sur Facebook”, a déclaré Ebele Okobi, directeur de la politique pour Facebook Africa.

Facebook déploie sa fonctionnalité à un moment où les “fake news” constituent une préoccupation majeure dans les élections kényanes. Les réseaux sociaux, notamment Facebook et WhatsApp sont devenus des moyens privilégiés pour la désinformation et la propagande en vue d’influencer l’opinion publique. Au Kenya, 7,1 millions de personnes utilisent Facebook et 30 millions de Kényans sont connectés à internet.

Risque d’escalade de la violence

Début juillet, a été diffusée une vidéo de 90 secondes, à l’atmosphère lugubre, imaginant l’avenir apocalyptique qui attend le Kenya en cas de victoire de Raila Odinga, le candidat de l’opposition. Suite à son élection, une violente et inepte dictature dirige le pays, dont l‘économie est en ruine. Les heurts entre tribus sont continuels, les islamistes shebab somaliens font régner la terreur.

“Ne laissez pas ceci arriver au Kenya. Stoppez Raila, sauvez le Kenya. L’avenir du Kenya est entre vos mains”, plaide cette vidéo.

Lors des primaires d’avril, des médias locaux et internationaux avaient également été touchés par le phénomène des “fake news”. La “Une” du journal local Daily Nation avait été falsifiée pour illustrer la défection d’un candidat de l’opposition au profit de la majorité présidentielle. Mais ce dernier a formellement démenti l’information. Fin juillet, deux vidéos marquées des logos de CNN et BBC faisaient cas de l’avance du président Uhuru Kenyatta dans les sondages. Une fois de plus, c‘était du faux.

Les “fake news” (fausses nouvelles), un terme qui domine le débat aux États-Unis, pourrait “mener à la guerre”, souligne l’activiste anti-corruption kényan John Githongo. “La mauvaise vidéo, la mauvaise information et ça peut devenir hors de contrôle”.

Le Kenya élit le 8 août son président, ses députés et ses gouverneurs, dix ans après les violences électorales de 2007-2008, qui avaient fait quelque 1.100 victimes et plusieurs centaines de milliers de déplacés. L’Union européenne et certaines ONG ont alerté sur le risque de violences lors de ces nouvelles élections.
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