L’Union européenne suscite l’indignation de plusieurs organisations humanitaires internationales qui dénoncent les mesures adoptées vendredi à Malte pour lutter contre l’immigration clandestine.
Les mesures de l'UE contre l'immigration critiquées par des ONG
La stratégie de l’Europe pour stopper les flux migratoires sur son territoire via la Méditerranée ne fait pas l’unanimité. Plusieurs organisations internationales, comme l’UNICEF ou encore Save the Children ont dénoncés des réformes qui, selon elles, conduisent à une nouvelle catastrophe humanitaire. Elles craignent surtout de mauvais traitements à l’encontre des migrants bloqués en Libye. « Se limiter à refouler des enfants désespérés dans un pays que beaucoup décrivent comme un enfer n’est pas une solution », a ainsi déploré Ester Asin, une responsable de l’organisation Save the children à Bruxelles.
De son côté, l’ONG Médecins du Monde dénonce de potentielles victimes vers leurs bourreaux. « Par cet accord, l’Union européenne organise le refoulement vers leurs persécuteurs de personnes déjà éprouvées lors de leur premier passage en Libye », s’est alarmée Françoise Sivignon, présidente de l’organisation humanitaire. Déjà beaucoup de migrants témoignent de mauvaises conditions dans les centres de détention dans ce pays qui a vu transiter des centaines de milliers de migrants vers l’Italie au cours des trois dernières années grâce aux réseaux de passeurs. « J’ai passé trois mois en Libye. Là-bas, les Noirs, ils les mettent en prison. On n’a presque pas à manger ou à boire », a témoigné jeudi matin un jeune homme de 26 ans originaire de Guinée-Bissau, à son arrivée en Italie.
L’UE veut « briser le modèle économique » des passeurs*
L’Union européenne s’en est défendue par la voix de la chef de sa diplomatie. Federica Mogherini a assuré à son arrivée vendredi matin à Malte que l’UE pouvait se « différencier » sur la question de la migration par une approche basée sur le partenariat avec pour objectif de « sauver des vies » et de respecter les droits de l’Homme. Selon les dirigeants européens ces mesures visent à « briser le modèle économique » des passeurs, principal maillon de la chaîne, par le renforcement du rôle des garde-côtes libyens dans l’interception des bateaux de migrants avant leur entrée dans les eaux internationales.
Ils envisagent aussi d’aider les voisins de la Libye à fermer les accès vers ce pays et inciter les migrants, surtout ceux qui ne peuvent pas prétendre au statut de réfugié, à retourner dans leurs pays d’origine. L’objectif des Européens est surtout de bloquer la route de la Méditerranée centrale, partant de Libye, après la fermeture de celle en mer Egée à la suite d’un accord conclu avec la Turquie. L’année dernière, l’Italie a enregistré le nombre record d’arrivées de migrants sur ses côtes avec plus de 181.000 migrants.