La multinationale anglo-néerlandaise a contesté mardi devant la Haute cour de Londres le recours engagé par des milliers de Nigérians qui l’accusent de corruption.
Le géant pétrolier Shell ne veut pas être jugé à Londres pour pollution au Nigeria
Plus de 40.000 Nigérians issus des communautés Ogale et Bille ont formé deux recours collectifs pour demander des comptes au groupe pétrolier, qu’ils tiennent responsable des fuites d’oléoducs ayant détruit leurs terres et pollué leurs étangs.
Mais pour Shell, un procès contre sa filiale nigériane SPDC devrait être organisé au Nigeria, où les faits se sont déroulés, et non en Europe.
Cette affaire concerne “fondamentalement des problèmes nigérians”, a déclaré devant la Haute Cour l’avocat de Shell et de SPDC, Peter Goldsmith, en soulignant que les “dégâts matériels présumés” étaient “tous” localisés au Nigeria.
L’avocat a estimé que les plaignants cherchaient à “persuader une cour anglaise d’exercer sa juridiction sur la SPDC, une entreprise nigériane domiciliée au Nigeria et ayant toujours opéré exclusivement au Nigeria”.
Mais pour le roi de la communauté Ogale, Emere Godwin Bebe Okpabi, la justice britannique représente le dernier espoir de mettre fin à la pollution. Il accuse explicitement la multinationale de collusion avec la justice nigériane gangrenée par la corruption.
De la justice britannique, le chef tribal attend qu’elle contraigne Shell à accepter les conclusions d’une enquête de l’ONU qui avait pointé en 2011 les ravages de la pollution pétrolière dans l’Ogoniland, la région où vit la communauté Ogale dans le delta du Niger (sud-est).
Plus grand producteur de pétrole du Nigeria, Shell conteste également ces accusations en soulignant que “Bille et Ogale sont deux régions durement touchées par le vol de pétrole, le sabotage des oléoducs et le raffinage illégal qui restent les principales sources de pollution dans le Delta du Niger”.
En janvier 2015, au terme d’une bataille juridique de trois ans, Shell avait accepté de verser plus de 80 millions de dollars à 15.600 pêcheurs de Bodo, une autre communauté nigériane touchée par deux importantes fuites de pétrole en 2008.
Avec AFP