Guinée : l'ex-ministre Mahmoud Thiam confirme les accusations de corruption contre Rio Tinto

Il accuse l’ancien patron de la filiale guinéenne du géant minier de lui avoir proposé des pots-de-vin début 2010 pour l’attribution de concession dans le projet de Simandou.

Les langues se délient progressivement dans l’affaire de corruption qui secoue la hiérarchie de Rio Tinto depuis la publication d’un échange de mails entre deux de ses anciens PDG en septembre. L’ancien ministre guinéen des Mines a confié à Bloomberg que le directeur des opérations de Rio Tinto en Guinée Steven Din lui a proposé des dessous-de-tables il y a six ans.

Selon Mahmoud Thiam, cet argent avait pour objectif de faire changer de main des concessions minières contrôlées par BSG Resources Ltd. , un consortium appartenant au milliardaire Beny Steinmetz. La décision était soutenue par les plus hautes instances de Rio Tinto, assure l’ancien ministre qui se fonde sur les confidences de celui qu’il accuse.

« Il n’y aucun doute, soutient M. Thiam. Ils étaient convaincus que BSGR m’avait payé. Il a dit : peu importe ce que BSGR vous a donné, vous savez, nous sommes plus grands, nous pouvons faire mieux ».

Des faits que rejette Steven Din qui travaille désormais pour une autre compagnie minière. « Rio Tinto possède des standards éthiques indépendamment du fait qu’elle travaille dans des pays où ces standards éthiques sont toujours respectés », a-t-il rappelé.

Faisceau de corruption

Les accusations de Mahmoud Thiam contre Rio Tinto se tiennent avec une lettre ouverte adressée au gouvernement guinéen il y a quelques mois. Et elles interviennent alors que l’actuel patron de Rio Tinto a annoncé l’ouverture d’enquêtes aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en Australie pour comprendre pour quelles raisons 10 millions de dollars avaient été remis au consultant français en charge des négociations avec le président Alpha Conté au sujet du projet Simandou.

L’actuel ministre guinéen des Mines et de la Géologie Abdoulaye Magassouba a demandé à Rio Tinto de rendre compte au gouvernement de toutes les informations que ces procédures pourraient révéler.

En rappel, la controverse sur le projet de Simandou remonte à 2008 lorsque l’administration de l’ancien président Lassana Conté décide de retirer à BSGR la moitié des concessions de ce site – considéré comme le plus riche en minerais de fer du monde, afin de l’attribuer à Rio Tinto. À la mort du président, cette décision est contestée et le feuilleton judiciaire qui s’en suit va se transformer progressivement en un faisceau d’accusations de corruption entre l‘État et les divers acteurs concernés de près ou de loin par le projet de Simandou.
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