RDC : un journaliste de la radiotélévision publique tué par des hommes armés

Un journaliste de la radiotélévision publique a été abattu par balles dans la nuit de lundi à mardi dans le centre de la République démocratique du Congo, un assassinat condamné par plusieurs organisations qui dénoncent la multiplication des “attaques ciblées” contre la presse dans ce pays.

“Nous condamnons la mort de Marcel Lubala de la RTNC (Radio télévision nationale congolaise) abattu froidement dans la nuit de lundi à mardi alors qu’il dormait paisiblement avec sa famille” à Mbuji-Mayi, a déclaré à l’AFP Joseph Boucard Kasonga Tshilunde, président de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC).

De son côté, le Bureau conjoint de l’ONU aux droits de l’homme en RDC a affirmé sur son compte Twitter que le journaliste avait été “tué par de présumés PNC (policiers, ndlr) et FARDC (armée congolaise, ndlr) à Mbuji Mayi”, troisième ville du pays et bastion de l’opposition.

Le journaliste “Lubala a été tué par des hommes armés qui ont d’abord frappé à son domicile, vers 1 heure du matin, en l’appelant par son nom, avant de forcer la porte de la maison”, a rapporté Guy Robert Mulopo, directeur provincial de la RTNC au Kasaï-Oriental.

Les assassins ont ensuite “bandé les yeux du journaliste, de son épouse et de ses deux enfants. M. Lubala a réussi à s’éclipser, et a voulu se cacher chez les voisins, avant d‘être rattrapé par ces hommes qui l’ont criblé des balles à quelque dix mètres de sa maison” et “il a perdu tout son sang”, a-t-il ajouté, joint au téléphone depuis Kinshasa.

“Je suis consterné, parce que ceci est arrivé pendant que la ville est sous couvre-feu” ce qui veut dire que “le pouvoir a le contrôle” des lieux, a-t-il relevé.

Depuis octobre, un couvre-feu a été décrété à Mbuji-Mayi de 22H00 à 05H00 locales par les autorités, après les affrontements fin septembre entre les forces de l’ordre et les partisans d’un chef coutumier tué un mois plus tôt dans la province voisine du Kasaï-Central. Une centaine de personnes avaient été tuées dans ces heurts. Selon les autorités, les partisans du chef coutumier se seraient réfugiés au Kasaï-Oriental.

‘Profondément choquée’

Une enquête a été ouverte sur le meurtre du journaliste. “Cinq personnes” ont été arrêtées en lien avec cet assassinat, selon une source au gouvernement du Kasaï-Oriental.

Né en 1969, M. Lubala travaillait à la RTNC depuis 15 ans, et présentait une émission de télévision sur l’hygiène et l’environnement.

Dans un communiqué, l’ONG congolaise de défense de la presse “Journaliste en danger” (JED) s’est dit “profondément choquée” par ce meurtre. Selon l’ONG, la veille de son assassinat, M. Lubala avait été convoqué par la police anti-violence (brigade de police locale, ndlr) et au siège local de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR) pour une “affaire familiale”.

“Nous avons été très attristés par la nouvelle de la mort de ce collègue de la RTNC (...), nous présentons toutes nos condoléances à tous nos confrères des différentes radios et télévisions de la RDC”, a déploré Félix-Prosper Basse, porte-parole de la Mission de l’ONU en RDC (Monusco), lors d’un point de presse à Kinshasa.

Une source proche du gouverneur du Kasaï-Oriental a indiqué à l’AFP qu’“une série de cambriolages a été enregistrée pendant le couvre-feu”, faisant part de ses soupçons sur l’implication de policiers dans l’assassinat du journaliste.

Début novembre, JED a dénoncé dans son rapport annuel “la montée des attaques ciblées contre la presse” en RDC, pays qui occupe la 152ème place (sur 178 pays) du classement mondial de l’ONG Reporters sans frontières.

“C’est le seizième journaliste tué en RDC en dix ans et trop souvent les auteurs et commanditaires ne sont jamais sanctionnés”, a fustigé M. Tshilunde.

La RDC traverse une crise politique depuis la réélection contestée de Joseph Kabila en 2011, exacerbée par le récent report de la présidentielle à une date indéterminée.

Dans ce contexte, l’ONU s’est dit dimanche “préoccupée” par un nouvel arrêté ministériel sur les radios-télévisions étrangères en RDC, qui leur donne jusqu’au 12 décembre “pour se mettre en règle”.

AFP
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