Une délégation du Conseil de sécurité des Nations unies séjourne depuis vendredi soir en République démocratique du Congo dans l’espoir de trouver une issue à la crise politique.
Devant le Conseil de sécurité de l'ONU, Joseph Kabila évoque un possible amendement de la Constitution (diplomate)
Ce samedi, les membres du Conseil se sont entretenus avec le chef de l‘État congolais Joseph Kabila et les membres du gouvernement, la majorité présidentielle, le Rassemblement d’Etienne Tshisekedi, l’opposition modérée et la société civile.
La mission onusienne qui entend aider la RDC à revenir sur le chemin de la stabilité politique, a été reçue en audience par Joseph Kabila. Audience au cours de laquelle la délégation estime avoir fait “le tour de toutes les questions politiques pour mieux comprendre la feuille de route”, a déclaré le diplomate angolais, Ismaël Abraao Gaspar Martins.
Autres points évoqués, la date de la tenue de la présidentielle dans le pays, la position du président congolais à ce sujet, les présumées violations des droits de l’homme et des libertés de la presse en RD Congo.
#PHOTO En visite en #RDC, les membres du Conseil de sécurité de l’#ONU ont rencontré le Président de la République Joseph #Kabila pic.twitter.com/DoTaamTWQm— MONUSCO (@MONUSCO) 12 novembre 2016
“La Constitution peut être amendée”
Sur le premier point relatif à la tenue de la présidentielle, Joseph Kabila se serait montré peu rassurant selon les propos du représentant du Royaume-Uni, Stephen Hickey, membre de la délégation. À l’en croire, lorsqu’il a été demandé au chef de l‘État s’il compte briguer un troisième mandat, ce dernier a précisé que la Constitution était claire sur la limitation du nombre de mandats à deux, mais qu’il était possible de l’amender.
Puis d’ajouter que “c’est curieux que le Conseil de sécurité de l’ONU se focalise sur une violation de la Constitution en RDC alors qu’il y a tellement d’autres violations dans la région”, aurait déclaré Joseph Kabila.
Une source d’inquiétude pour le diplomate anglais d’autant que les tensions dans le pays puisent leurs origines dans le maintien au pouvoir de Joseph Kabila alors que son second et dernier mandat prend fin en décembre 2016.
#RDC : selon le Representant UK, le President Kabila aurait évoqué la possibilité d'amender constitution – https://t.co/U3atZipV3P— Sonia Rolley (@soniarolley) 12 novembre 2016
Respecter le droit de manifester
D’ailleurs, reçus à leur tour par la mission du Conseil de sécurité, les membres de la coalition du Rassemblement tenue par Etienne Tshisekedi l’ont réaffirmé cet après-midi. Ils exigent que la présidentielle se tienne en 2017 et que la transition soit assurée par quelqu’un d’autre que Joseph Kabila.
#DRC opposition Rassemblement tell the Security Council they need clear timeframe for elections in '17 + commitment from Kabila not to stand pic.twitter.com/jmofob2BoM— Stephen Hickey (@sblhickey) 12 novembre 2016
Autre point abordé par le Conseil à l’endroit du pouvoir, le respect du droit à manifester. Une requête qui fait échos à l’interdiction de manifestation politique à Kinshasa, qui a conduit le Rassemblement à annuler un meeting prévu le 5 novembre.
Les Nations unies ont par ailleurs exhorté les autorités congolaises à rétablir le signal de la radio française RFI, coupé depuis près d’une semaine.
Sur la question des prisonniers politiques dont l’ONU et l’opposition ont plaidé la relaxe. Une liste de ces derniers a été demandée par le président.
Human Rights Watch exige des sanctions contre le régime
A l’aube de cette visite du Conseil de sécurité de l’ONU, l’ONG Human Rights Watch avait pour sa part adressé un courrier à l’instance onusienne dans lequel elle lui recommandait d’exhorter Joseph Kabila à se retirer à la fin de son mandat (en décembre 2016, NDLR).
L’ONG insitait également pour une application “de toute urgence des sanctions ciblées de la part des Nations unies à l’encontre des fonctionnaires des services de renseignements et des forces de sécurité et des représentants du gouvernement responsables de la violente répression et d’autres graves violations des droits humains”.
Photo Crédit : MONUSCO