Éthiopie : une enquête sur les violences annoncée, Angela Merkel contredite par l'opposition

Après avoir accusé lundi l‘Égypte et l‘Érythrée d‘être responsables des troubles en Éthiopie, le gouvernement a annoncé l’ouverture d’une enquête sur ces événements.

Nouvelle sortie d’Addis-Abeba sur les violences qui agitent le pays ces derniers mois. Alors que l‘Éthiopie reçoit ce mardi la chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn a annoncé l’ouverture d’une enquête sur ces heurts généralement accompagnés de tueries.

Dans la foulée de cette annonce, le ministre a avant tout refuté un usage excessif de la force dont sont accusées les forces de l’ordre. A l’en croire, des “instructions fermes” ont été données à la police de ne pas avoir recours à la force.

S’il reconnaît qu’il y a bien eu des morts, Hailemariam Desalegn estime toutefois qu’il y a une exagération qui est faite dans les bilans communiqués.

Dimanche, un état d’urgence a été décrété pour six mois, après une recrudescence des violences consécutive à la mort d’une cinquantaine de personnes lors d’un festival oromo il y a plus d’une semaine. La police avait alors été accusée d’avoir brutalisé les manifestants, créant une bousculade meurtrière.

Angela Merkel contredite

Angela Merkel qui doit notamment participer à l’inauguration d’un nouveau bâtiment au quartier général des Nations unies, à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, en a profité pour s’exprimer sur la situation qui prévaut dans le pays.

Pour la chancelière allemande, le gouvernement fédéral devrait respecter le droit de manifester, en s’assurant que les interventions de la police soient proportionnées.

La dirigeante allemande qui conclut dans ce pays d’Afrique de l’Est une tournée africaine qui l’a conduite au Mali puis au Niger, a recommandé à l‘État d’impliquer les groupes protestataires de même que l’opposition au processus politique.

Une référence faite au Front de libération de l’Oromo qui a entamé depuis novembre 2015 de vives contestations contre le gouvernement.

Le Congrès fédéraliste Oromo, un des principaux partis d’opposition en Éthiopie a immédiatement réagi à la sortie de Mme Merkel. Le parti a estimé que le message de l’hôte Allemande devrait être tout autre.

“Elle doit dire aux dirigeants éthiopiens que les meurtres ne peuvent pas résoudre le problème, et que les prisonniers politiques doivent être libérés et un dialogue national ouvert”, a suggéré Merera Gudina, le chef du parti.

L‘Égypte et l‘Érythrée tenus pour responsables

S’insurgeant contre une gestion monolithique du pouvoir et une politique d’accaparement des terres dont seraient coupables les autorités, les Oromos sont régulièrement descendus dans les rues.

Des manifestations violemment réprimées et qui ont fait des centaines de morts selon les organisations de défense des droits de l’homme.

Lundi, le Premier ministre Hailemariam Desalegn a accusé l‘Égypte et l‘Érythrée d‘être responsables des troubles en Éthiopie, en finançant et armant les manifestants.

Ces pays n’ont toujours pas réagi, mais il est fort à parier que ces déclarations du gouvernement éthiopien donnent lieu à des incidents diplomatiques.
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