Nigeria : l'émir de Kano condamne ouvertement les mariages d'enfants

L‘émir de Kano dans le sud du Nigeria a ouvertement condamné mardi les mariages forcés des mineures. Une position qui arrive après une forte mobilisation en mars dernier sur l’enlèvement d’une jeune adolescente, mariée de force, et qui avait suscité la colère de l’opinion publique, obligeant l‘émir à intervenir.

Alhaji Muhammadu Sanusi II, l‘émir de Kano dans le sud du Nigeria, a ouvertement condamné mardi les mariages d’enfants au cours d’une conférence des chefs religieux portant sur les soins de santé primaires dans sa circonscription administrative.

‘‘Je crois que le moment est venu de prendre position sur cette longue pratique du mariage précoce, et comme par hasard, nous avons souscrit à la convention de Malikiyya de faire comme le Maroc, la Malaisie et l’Egypte qui ont ramené l‘âge du mariage respectivement entre 17, 18 et 19 ans”, a-t-il déclaré.

Il voudrait permettre aux femmes d’atteindre la maturité avant le mariage et surtout de décider de leur futur.

Alhaji Muhammadu n’a pas manqué de critiquer la polygamie, souvent à l’origine de la pauvreté dans plusieurs familles. Occasion également pour lui de rappeler que l’Islam condamne toute sorte d’agression partiquée sur les femmes.

Alhaji Muhammadu Sanusi II a fustigé les pratiques culturelles qui encouragent la polygamie. Selon lui, la ‘‘plupart des familles qui se livrent à cette pratique ne peuvent subvenir aux besoins de leurs familles en termes économiques’‘.

‘‘Dans le passé, des villes comme Kano, Katsina, Aghadez et Tombouctou détenaient un grand pouvoir économique dans toute la région du Sahel ; un modèle qui a été repris par plusieurs villes côtières à travers le monde entier’‘, a-t-il ajouté.

La sortie de l‘émir intervient quelques semaines après une forte mobilisation en mars dernier pour une adolescente enlevée à ses parents en 2015 à Bayelsa – dans le sud -, et mariée de force dans ce même État de Kano.

Une affaire qui avait poussé Alhaji Muhammadu, à condamner officiellement ce mariage, et les forces de police à intervenir. L’union civile des mineurs est, en effet interdite au Nigeria, même si 20 % des filles de 15 ans sont mariées selon l’Unicef.

Ese Oruru – l’adolescente – avait été libérée et ramenée auprès de sa famille.
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