Dillma Rousseff et son gouvernement une fois de plus mis à mal par la rue à Sao Paulo. Des manifestants ont fait voler un ballon représentant un juge de la Cour suprême fédérale, Teori Zavascki, cachant l’ex-président Lula da Silva et la présidente actuelle Dilma Rousseff – une métaphore géante pour dénoncer sa décision contre le juge Sergio Moro, à la tête de l’enquête sur l’opération mains propres – “Lava Jato” en portugais.
Brésil : des ballons gonflables anti-gouvernement
“Le nom de ce pantin est Teoridra. C’est le Ministre du Tribunal Suprême Fédéral qui s’appelle Teori Zavascki et on l’a représenté comme s’il cachait Lula et Dilma derrière lui. Pourquoi ? Parce qu’il a récemment pris une décision qui a protégé Lula (du juge) Sergio Moro. “, explique Carla Zambelli, membre de l’association “Nas ruas”.
Le juge fédéral a en effet ordonné à M. Moro de lui remettre tout le contenu de son enquête sur l’ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, pour examen. Il a par ailleurs décrété le secret sur des écoutes obtenues au cours de l’enquête, et qui ont déjà été intégralement diffusées par les médias brésiliens.
Cette décision a créé le tollé et insufflé une nouvelle vague de contestation dans un pays en proie à une déchirure entre les autorités et la population. Il s’agit de la quatrième série de protestations commencées en avril 2015 pour appeler au départ de la présidente. Le 13 mars dernier, environ 500.000 personnes avaient investi la plus grande artère de Sao Paulo, l’avenue Paulista. Les quotidiens brésiliens titraient alors qu’il s’agissait du plus important mouvement social que le pays ait connu. À l‘échelle nationale, plus de 3.5 millions de Brésiliens appelaient à la destitution de Dilma Rousseff et de son gouvernement.
Dilma Rousseff est impliquée – avec d’autres membres du gouvernement – dans un scandale politico-judiciaire autour de la société pétrolière Petrobras. L’opposition accuse par ailleurs la présidente d’avoir maquillé les comptes de l‘État en 2014, pour minimiser l’ampleur des déficits publics et favoriser sa réélection en 2015. Une procédure de destitution du gouvernement est étudiée par une commission parlementaire composée de 65 députés depuis le 18 mars. La présidente de gauche elle, dénonce un “coup d‘État institutionnel” à son encontre.
L’Ordre des avocats du Brésil (OAB) devait déposer lundi une nouvelle demande de destitution de la présidente. “L’impeachment est inscrit dans notre Constitution comme remède juridique de notre démocratie”, a expliqué son président Claudio Lamachia au journal brésilien O’Globo.