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Accord de paix en Centrafrique : « tout commence maintenant »

Accord de paix en Centrafrique : « tout commence maintenant »

République Centrafricaine

La République centrafricaine a obtenu un accord de paix entre les factions rebelles et le gouvernement, devant sortir le pays de près de sept années d’une guerre fratricide qui a déjà fait des centaines de morts. En dépit des espoirs suscités par cet accord, de nombreuses questions restent en suspens.

Ce mercredi 6 février pourrait se révéler être un jour historique pour la République centrafricaine. Dans la capitale Bangui, quatorze groupes rebelles et le gouvernement ont participé à la signature d’un accord de paix, conclu quelques jours auparavant à Khartoum, la capitale soudanaise. S’il s’agit en effet du huitième depuis le début de la guerre en Centrafrique, en 2013, cet accord est bien le premier auquel participent toutes les parties prenantes au conflit. Il est perçu dès lors comme la panacée qui pourrait définitivement mettre un terme aux violences qui ont fait des milliers de morts et des millions de personnes déplacées.

“Ce jour est pour nous un moment historique qui consacre l’aboutissement de presque trois années d’efforts”, s’est rejoui le chef de l’Etat Faustin Archange Touadéra, soulignant avoir “tendu la main à nos frères et nos sœurs des groupes armés”. Pour Herbert Gontran Djono Ahaba, porte-parole des groupes rebelles à Khartoum, cependant, « la période la plus difficile commence maintenant ». En effet, pour ce chef rebelle comme pour l’Union africaine, le plus dur reste l’application effective de l’accord dont les grandes lignes restent pour l’heure inconnues. Le gouvernement avait promis les révéler ce mercredi, à l’occasion de la cérémonie de signature de l’accord, mais le mystère demeure.

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L’une des grandes inconnues reste toutefois l’amnistie des auteurs d’abus. Les groupes armés qui contrôlent actuellement environ 80 % de la République centrafricaine en avaient fait une condition pour cesser les hostilités. Mais Bangui s’y était opposé. Cette éventualité fait déjà réagir dans la capitale. Brunon Hyacinthe Gbiegba, militant des droits de l’homme et observateur aux pourparlers de paix, s’est dit particulièrement préoccupé par la lutte contre l’impunité. « Tout le monde est responsable des actions qu’il a entreprises », a-t-il laissé entendre, estimant que justice doit être rendue.

Une remarque à laquelle adhère Yannick Nalimo, journaliste et blogueur. Pourtant, outre l’amnistie, les groupes armés exigeaient aussi la dissolution du gouvernement et la formation d’un gouvernement de sortie de crise, avec un Premier ministre issu de leurs rangs. Ils réclamaient également la mise en place de patrouilles mixtes avec les Forces armées centrafricaines (Faca) pour sécuriser un territoire qu’ils contrôlent à 80 %. « Nous sommes choqués de voir nos autorités jubiler aux côtés de nos bourreaux », a déclaré le blogueur à l’Associated Press. « Cela ne met personne à l’aise. Les gens ne veulent pas que ces gens, qui ont démoli le pays et nous ont mis à nu, reviennent et gèrent les affaires de l‘État », a-t-il ajouté.

Les groupes armés qui s’affrontent en Centrafrique sont issus de l’ex-rébellion hétéroclite de la Séléka à majorité musulmane qui a renversé le président François Bozizé en 2013, et des milices d’auto-défense qui s’y opposaient, les antibalaka. Au cours des derniers mois, deux dirigeants anti-Balaka ont été conduits devant la CPI, mais aucun des combattants de la Séléka n’a encore été pris pour cible par le procureur général de la Cour, Fatou Bensouda.

Alors que la question du désarmement des milices n’a pas été conclue, les craintes d’un retour aux violences inquiètent les esprits. Mais l’Union africaine s’est dit vivement déterminée à assurer le suivi de l’accord par chacune des parties.

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