Des témoignages de personnes déplacées au Darfour rapportent que lors de leur offensive sur el-Fasher, les combattants des Forces de soutien rapide ont mené une opération brutale de maison en maison, frappant et tirant sur les habitants, y compris des femmes et des enfants.
Soudan : des déplacés décrivent la violence de l'offensive sur El-Fasher
« Les bombardements et les attaques de drones étaient incessants. Ils nous tiraient dessus à coups de crosse, jour et nuit, sauf si nous nous cachions dans les maisons. À 3 heures du matin, nous sortions en cachette jusqu'à Hillat Alsheth (au nord du Darfour), où nous avons été pillés. Ils nous ont laissés sans rien. Je suis arrivée ici pieds nus, on m'a même pris mes chaussures. » raconte Aisha Ismael, une des déplacées.
Nombreux sont ceux qui ont réussi à fuir el-Fasher pour arriver, épuisés et déshydratés, dans la ville voisine de Tawila.
« Le pire, c'était quand ils nous ont fouillés et qu'ils nous ont laissés sans rien. Même notre argent, ils nous l'ont pris. Mon frère et son ami ont été arrêtés à la porte de Karni. Nous sommes arrivés à Karni, avons pris le petit-déjeuner et de l'eau. Puis ils sont arrivés en camion et nous ont emmenés. J'ai laissé ma mère, ma fille et mes deux frères et sœurs là-bas, et je suis venue à Tawila. » témoigne Salha Bkheet, une autre déplacée.
L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime que plus de 26 000 personnes ont réussi à quitter el-Fasher, tandis que le Comité international de la Croix-Rouge indique que plus de 4 200 déplacés ont rejoint les camps à Tawila au cours des deux derniers jours.
Depuis deux ans, le conflit au Soudan oppose l'armée aux Forces de soutien rapide, entraînant une crise humanitaire sans précédent. Plus de 40 000 morts, un chiffre estimé sous-évalué par les défenseurs des droits humains, et plus de 14 millions de personnes déplacées témoignent de la gravité de la situation.