Des affrontements ont opposé la police à des manifestants, mercredi, dans les rues de Douala, après la déclaration unilatérale de victoire d’Issa Tchiroma Bakary à l’élection présidentielle camerounaise du 12 octobre.
Cameroun : tensions à Douala après la revendication de victoire de Tchiroma
Une forte présence sécuritaire était visible dans la métropole côtière, tandis que des douilles de gaz lacrymogène jonchaient le sol, témoignant de la violence des heurts.
L’instance électorale indépendante chargée de superviser le scrutin, tout comme la Cour constitutionnelle, n’a pas encore annoncé de résultats officiels. Selon le calendrier établi, la proclamation des résultats définitifs n’est pas attendue avant le 26 octobre.
Dans une vidéo diffusée sur Facebook, M. Tchiroma, a affirmé que « notre victoire est claire, elle doit être respectée », promettant de publier prochainement un rapport détaillé des votes par région.
Ancien ministre de l’Emploi et porte-parole du gouvernement sous Paul Biya, Issa Tchiroma Bakary avait quitté le pouvoir l’an dernier pour se lancer dans la course présidentielle. Sa campagne, marquée par d’importants rassemblements populaires et le soutien d’une coalition d’opposition et de groupes civiques, avait nourri l’espoir d’un renouveau politique dans un paysage dominé depuis plus de quarante ans par le président sortant.
À 92 ans, Paul Biya, doyen des chefs d’État en exercice dans le monde, dirige le Cameroun depuis 1982, soit près de la moitié de sa vie. Malgré les prévisions d’une victoire du président sortant, favorisées par les divisions au sein de l’opposition et l’exclusion en août de son principal rival, onze candidats figuraient au total sur les bulletins de vote.
Le pays d’environ 30 millions d’habitants reste marqué par une crise séparatiste meurtrière dans ses régions anglophones et une corruption endémique qui freine son développement, malgré d’importantes ressources naturelles.
Lors du précédent scrutin, en 2018, l’opposant Maurice Kamto s’était également proclamé vainqueur avant la publication des résultats, ce qui avait conduit à son arrestation et à une vague de protestations réprimées par les forces de l’ordre.
La répétition de tels scénarios nourrit aujourd’hui les inquiétudes sur la stabilité politique du Cameroun, à l’heure où le pays attend, dans la tension et l’incertitude, la proclamation officielle du scrutin présidentiel.