Éthiopie : l'enthousiasme monte autour du Grand barrage de la Renaissance

Vue du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne à Benishangul-Gumuz, en Éthiopie, le 9 septembre 2025   -  
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L’Éthiopie se prépare à célébrer un grand jalon mardi avec l’inauguration officielle du barrage de la Grande Renaissance, le plus grand d’Afrique, situé sur le Nil bleu. Cette infrastructure massive, dont la mise en service complète est attendue avec impatience par une large partie de la population, doit transformer le paysage énergétique du pays.

Pour Fanuse Adete, une veuve de 38 ans vivant dans le district de Menabichu, à seulement 10 kilomètres d’Addis-Abeba, cette inauguration représente l’espoir d’un avenir meilleur. Actuellement, elle survit grâce à des lampes à pétrole et des bougies, car ses moyens pour éclairer sa maison en murs de boue sont limités.

“Auparavant, notre vie dépendait du pétrole et du charbon de bois, ce qui posait beaucoup de problèmes,” explique-t-elle. “Nous vendions du bois au marché pour acheter du kérosène et du pain pour nos enfants. Mais avec l’achèvement du barrage, toute notre communauté est désormais heureuse.”

Le barrage de la Grande Renaissance, dont la construction a débuté en 2011, vise à produire plus de 5 000 mégawatts d’électricité, doublant ainsi la capacité de production actuelle de l’Éthiopie. Une partie de cette énergie sera exportée vers les pays voisins, faisant du pays un futur leader en matière d’exportation d’électricité en Afrique.

Des tensions régionales et des inquiétudes

Cependant, ce projet colossal ne va pas sans controverse. Les pays en aval du Nil, l’Égypte et le Soudan, s’inquiètent des implications potentielles pour leur approvisionnement en eau. La réduction des niveaux d’eau en aval pourrait affecter l’agriculture, l’approvisionnement en eau potable et l’économie de ces nations.

Une plateforme de coopération a été créée pour tenter de gérer ces tensions, mais celles-ci restent vives. L’Égypte, particulièrement concernée, considère le barrage comme une menace pour la sécurité hydrique, évoquant même le risque de sécheresse en aval. En réponse, l’Éthiopie insiste sur le fait que le barrage profitera à toute la région. Selon le ministre éthiopien de l’eau, Habtamu Itefa, le projet n’a pas pour but de nuire aux voisins : « Travaillons ensemble pour augmenter les investissements et développer des projets qui bénéficient à tous. »

Les experts en ressources hydriques de l’Égypte rapportent que la quantité d’eau reçue a déjà diminué, obligeant le pays à adopter des mesures telles que la réduction de leur consommation annuelle et le recyclage de l’eau d’irrigation.

Au Soudan, durant le remplissage du barrage, des inondations saisonnières ont été moins fréquentes. Cependant, ils mettent en garde contre le risque de lâchers d’eau non coordonnés, qui pourraient provoquer des inondations soudaines ou des périodes de sécheresse prolongée.

L’inauguration du barrage de la Grande Renaissance marque une étape clé pour l’Éthiopie, qui cherche à renforcer son autonomie énergétique et à devenir un acteur majeur dans le secteur électrique africain. La coopération régionale et la gestion prudente des ressources hydriques seront essentielles pour assurer une stabilité durable dans la région.

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