L’État Islamique renforce sa présence dans le nord de la Somalie

Les forces du Puntland se dirigent vers la région de Gal Gala, où sont basés les militants fidèles au chef de guerre Mohamed Said Atom, le 7 août 2010   -  
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L’organisation État islamique étend ses activités dans le nord de la Somalie, selon un reportage de Sky News, malgré les efforts des forces somaliennes pour contrer cette menace croissante.

Les combats se concentrent principalement dans la région semi-autonome du Puntland, où les soldats font face à des obstacles majeurs : terrain difficile, embuscades et engins explosifs dissimulés. Néanmoins, ils ont réussi à progresser, mettant au jour un réseau de grottes et de bunkers, dont une fabrique d’explosifs destinée aux drones, roquettes et ceintures-suicides.

Major Abdul Akim, commandant des opérations au sein des forces de police maritime du Puntland, explique que « le plus grand quartier général de l'EI dans le monde se trouve ici, dans ces montagnes, à Cal Miskaad. »

Les forces somaliennes ont saisi d’importants stocks de roquettes et d’engins artisanaux, ainsi que du matériel médical sophistiqué. Elles ont également découvert des documents attestant de liens directs entre l’État islamique et les Houthis du Yémen. Des drapeaux noirs et des instructions imposant une stricte application de la charia ont été trouvés dans les villages où l’EI avait installé ses bases.

« Je suis convaincu qu’il y a, dans une certaine mesure, une coopération entre ces groupes djihadistes. Nous avons trouvé des lettres qui prouvent une correspondance entre l’État islamique et les Houthis », a déclaré le Colonel Ali Dirane, Commandant de bataillon.

Les raids ont également révélé que des milliers d’habitants avaient fui leurs villages, trop effrayés pour revenir, même après le retrait de l’EI. Les documents saisis montrent que le groupe a déplacé d’importantes sommes d’argent à travers le monde pour financer des attaques terroristes globales.

Selon le rapport, les fonds transférés depuis la Somalie vers l’Afghanistan auraient contribué à financer l’attentat contre l’aéroport de Kaboul en 2021, lors du retrait des troupes américaines, qui avait coûté la vie à de nombreuses personnes, dont des militaires américains.

Le général de brigade Adan Abdi Hasa, chef de l’armée du Puntland, a tiré la sonnette d’alarme, soulignant que la menace ne se limite pas à la Somalie et que l’intervention de la communauté internationale est nécessaire.

En février, l’armée américaine a mené des frappes contre des opérateurs de l’État islamique en Somalie, pour la première fois sur le territoire africain durant le second mandat de Donald Trump. Selon le Pentagone, plusieurs djihadistes ont été éliminés, sans victimes civiles signalées. Trump avait alors déclaré que l’opération visait un planificateur senior de l’EI et ses recrues, et que les frappes avaient détruit leurs grottes.

Depuis, les États-Unis ont mené d’autres frappes dans la région. La stratégie de contre-terrorisme américaine en Afrique a été compliquée par le départ des forces américaines du Tchad et du Niger, partenaires clés, qui ont repris le contrôle de bases utilisées pour former et mener des missions contre les groupes terroristes du Sahel.

Les cellules de l’EI ont reçu des directives de leurs leaders, désormais basés dans le nord de la Somalie, concernant l’enlèvement d’Occidentaux pour rançon, l’apprentissage de tactiques militaires, la dissimulation face aux drones et la fabrication de quadcopters artisanaux.

L’affilié somalien de l’EI est apparu en 2015, après une scission d’Al-Chabab, la branche est-africaine d’al-Qaïda. Il est principalement actif dans le Puntland, notamment dans les montagnes de Galgala, où il a établi des camps d’entraînement sous la direction d’Abdulkadir Mumin. Le nombre de militants est estimé à plusieurs centaines, principalement dispersés dans les montagnes de Cal Miskaad, dans la région de Bari.

Les experts de l’ONU alertent sur la menace croissante des groupes affiliés à l’EI et à al-Qaïda en Afrique, ainsi que sur le retour de combattants étrangers en Asie centrale et en Afghanistan, pouvant déstabiliser la région.

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