Le ministre grec des Affaires étrangères, M. Giorgos Gerapetritis, s’est rendu ce dimanche à Benghazi, en Libye, où il a rencontré le maréchal Khalifa Haftar, commandant en chef de l’Armée nationale libyenne (ANL) et figure dominante de la région orientale du pays.
Libye : le chef de la diplomatie grecque rencontre le maréchal Haftar
Autrefois considéré comme un partenaire privilégié d’Athènes, le maréchal Haftar entretient aujourd’hui des relations plus distantes avec la Grèce, un refroidissement largement imputé à l’augmentation marquée des arrivées de migrants en provenance de l’Est libyen vers les côtes grecques.
Dans un contexte régional instable, cette visite s’inscrit dans une volonté affichée d’Athènes de raviver le dialogue bilatéral avec les autorités de l’Est libyen. Elle vise notamment à prévenir de nouvelles tensions diplomatiques liées au controversé mémorandum Turquie-Libye sur la délimitation des zones maritimes, signé en 2019, mais aussi à œuvrer pour une meilleure gestion des flux migratoires, alors que la Libye demeure un point de passage majeur pour les routes migratoires en Méditerranée centrale.
À l’issue de son entretien en tête-à-tête avec le maréchal Haftar, M. Gerapetritis s’est exprimé en ces termes : « J’ai eu aujourd’hui l’occasion de m’entretenir avec le maréchal Khalifa Haftar, ainsi qu’avec certains membres de sa famille investis de responsabilités institutionnelles. Cet échange nous a permis d’aborder plusieurs dossiers cruciaux, notamment les questions migratoires, les zones maritimes, ainsi que les perspectives de coopération bilatérale entre la Grèce et la Libye. Nos deux pays sont unis par des liens historiques profonds et des traditions partagées. Nous sommes également animés par un attachement commun au droit international et par une même aspiration à faire de la Méditerranée un espace de paix et de prospérité au service de ses peuples. »
Le chef de la diplomatie grecque a également rencontré M. Belkacem Haftar, fils du maréchal et responsable des dossiers liés à la reconstruction du pays. Ce dernier a exprimé sa volonté d’ouvrir les projets de redéveloppement aux entreprises grecques, les invitant à s’impliquer davantage dans les efforts de redressement économique et infrastructurel en Libye orientale.
Cette initiative s’inscrit dans une stratégie diplomatique plus large de la Grèce, qui cherche à renforcer sa présence en Afrique du Nord et à équilibrer l’influence croissante de la Turquie dans la région.
M. Gerapetritis poursuivra sa mission diplomatique en se rendant à Tripoli le 15 juillet prochain, où il rencontrera les représentants des autorités basées dans la capitale.
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est plongée dans une instabilité chronique, marquée par la fragmentation du pouvoir entre deux administrations rivales : l’une, à Tripoli, dirigée par le Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah et reconnue par la communauté internationale ; l’autre, à l’Est, dominée par le maréchal Haftar, soutenu par un réseau d’alliés régionaux et internationaux.
Dans ce contexte incertain, la Grèce entend jouer un rôle constructif, en maintenant un dialogue ouvert avec les deux pôles du pouvoir libyen, dans l’espoir d’encourager une solution politique durable, respectueuse du droit international et stabilisatrice pour l’ensemble de la région méditerranéenne.