Funérailles d’Albert Ojwang : une foule en deuil réclame justice

Des manifestants réagissent à la mort du blogueur kenyan Albert Ojwang, lundi 9 juin 2025.   -  
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Des milliers de personnes se sont rassemblées à Homa Bay pour rendre un dernier hommage à Albert Ojwang, blogueur kényan de 31 ans, mort en détention le 8 juin. Tandis que la police évoquait un suicide, une autopsie indépendante a révélé des traces d’étranglement et de sévères traumatismes.

Des chants, des larmes et des slogans ont rythmé les funérailles d’Albert Ojwang, vendredi 4 juillet à Kokwanyo, dans le comté de Homa Bay. Étudiant en droit et blogueur engagé, Ojwang s’était imposé comme une voix critique du pouvoir sur les réseaux sociaux. Son arrestation brutale le 6 juin, suivie de sa mort deux jours plus tard en détention, a profondément choqué le pays.

« Nous remettons nos vies entre les mains de Dieu. Je lui ai envoyé mon fils en paix, qu’il repose en paix. », a déclaré son père, Meshak Ojwang.

La police avait d’abord affirmé qu’il s’était « cogné la tête contre le mur de sa cellule », évoquant une tentative de suicide. Une version immédiatement contestée par ses proches, puis contredite par l’autopsie réalisée le 11 juin à Nairobi. Le rapport conclut à des coups violents et à une strangulation. Le corps présentait de multiples hématomes, une fracture du crâne et des signes de compression du cou.

« Nous ne connaîtrons pas de répit tant que justice ne sera pas rendue », a déclaré son ami Abna Ngumi. « Il y aura un 7 juillet pour Albert Ojwang. »

La mort d’Ojwang a déclenché une vague de protestations dans plusieurs villes du pays. À Nairobi, lors d’un rassemblement tendu, Boniface Kariuki, 22 ans, a été abattu par un policier. Le jeune homme participait à une marche pacifique en mémoire du blogueur et pour dénoncer les violences policières.

Face à l’indignation publique, plusieurs agents de police ont été suspendus. Le président William Ruto, longtemps silencieux, a reconnu que le blogueur était mort « entre les mains de la police », qualifiant les faits d’« inacceptables ».

Le député Babu Owino a dénoncé une dérive grave : « La police est censée protéger la vie, mais ce sont ses agents qui tuent les citoyens. Tout policier impliqué doit être arrêté, jugé et condamné à la réclusion à perpétuité. »

Ces drames relancent le débat sur les brutalités policières au Kenya, régulièrement dénoncées par les organisations de défense des droits humains. L’an dernier déjà, plusieurs militants avaient été tués ou portés disparus lors des manifestations contre la hausse des impôts. Malgré les promesses du président Ruto de réformer les forces de l’ordre, les pratiques répressives persistent.

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