Le vol n’a duré qu’une quarantaine de minutes, mais il marque un tournant symbolique.
Haïti : reprise des vols domestiques après sept mois d’arrêt
Jeudi matin, un appareil de la compagnie Sunrise Airways a quitté Port-au-Prince pour Cap-Haïtien, transportant 19 passagers. Il s'agit du premier vol domestique commercial depuis sept mois en Haïti, une pause imposée par l’intensification de la violence des gangs dans et autour de la capitale.
« C’est essentiel pour voyager et se déplacer. Nous avons passé trop de temps sans vols », témoigne Isaac Leo, l’un des passagers à l’arrivée.
Le 14 novembre 2024, des tirs de gangs ont visé un vol de la compagnie Spirit Airlines à l’atterrissage, blessant une hôtesse de l’air. Plusieurs appareils ont été pris pour cibles ce jour-là, poussant Spirit, JetBlue et American Airlines à suspendre indéfiniment leurs liaisons vers Port-au-Prince.
L’aéroport Toussaint Louverture avait brièvement rouvert en décembre, mais aucun vol commercial régulier n’avait redécollé jusqu’à cette semaine. Les passagers étaient contraints de se déplacer via les routes souvent contrôlées par des groupes armés ou de fuir le pays via la République dominicaine.
« C’est une grande satisfaction. Avant, il était très difficile de retourner à Port-au-Prince. Félicitations à Sunrise », déclare Telusnor Monfort, un autre passager.
Malgré ce redémarrage, la situation reste extrêmement instable. Les autorités haïtiennes estiment que plus de 85 % de la capitale est sous le contrôle de gangs armés, qui bloquent les routes, commettent des enlèvements et s’affrontent dans les quartiers populaires. Les déplacements intérieurs sont devenus presque impossibles.
La reprise de ce vol domestique ne signifie donc pas un retour à la normale, mais plutôt un acte de résistance logistique, porté par une compagnie locale qui tente de répondre à un besoin vital de mobilité.
Aucune compagnie internationale n’a encore annoncé la reprise de ses vols à destination d’Haïti. Mais ce redémarrage, même modeste, est vu par certains comme un signe d’espoir fragile dans un pays exsangue, où chaque vol pourrait désormais signifier une fenêtre ouverte sur le monde extérieur.