En Ouganda, le café change la vie des femmes rurales

Meridah Nandudu, fondatrice de Bayaaya Specialty coffee ltd, montre des baies de café pendant la récolte à Mbale, en Ouganda, le 15 mars 2025.   -  
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Dans l’est de l’Ouganda, une région où le café est bien plus qu’un simple produit d’exportation, une initiative locale transforme la vie des femmes.

Meridah Nandudu, fondatrice de l’entreprise Bayaaya Specialty Coffee, a trouvé une manière concrète de redonner aux femmes le contrôle sur les revenus du café qu’elles cultivent : payer plus le kilo livré par une femme que par un homme.

Jusqu’à récemment, les femmes étaient au cœur du travail agricole plantation, récolte, tri, séchage mais elles étaient exclues de la phase la plus rémunératrice : la vente. Ce rôle revenait presque systématiquement aux hommes. Résultat : aucun contrôle sur les revenus générés, et des tensions familiales fréquentes.

"Quand une femme livre du café, elle gagne 200 shillings de plus par kilo", explique Meridah Nandudu. "C’est un petit geste, mais qui pousse les maris à faire confiance à leurs épouses. Et quand elles reviennent à la maison, elles peuvent enfin participer aux décisions. On a vu une baisse nette des violences domestiques."

Lancée en 2018, Bayaaya un mot qui signifie "sororité" en langue lumasaba comptait quelques dizaines de femmes au départ. En 2024, elles sont plus de 600 à faire partie du programme, soit 75 % des producteurs de l’entreprise.

Une économie locale en mutation

Outre le prix bonifié, Bayaaya verse également une prime en saison creuse (de février à août) et propose une coopérative d’épargne accessible aux productrices. Un dispositif qui renforce leur autonomie financière, comme le souligne Juliet Kwaga, cultivatrice à Sironko : "aujourd’hui, je peux acheter de la nourriture, payer les frais scolaires, et même mettre un peu de côté. Je ne suis plus entièrement dépendante de mon mari."

Le café représente une part essentielle de l’économie ougandaise. Avec plus de 6 millions de sacs exportés entre septembre 2023 et août 2024, le pays a engrangé 1,3 milliard de dollars, selon l’Autorité ougandaise de développement du café. L’Ouganda est le deuxième producteur de café en Afrique, derrière l’Éthiopie.

Mais sur le terrain, les producteurs vivent souvent sur de petites parcelles, de un à deux hectares. Chaque shilling compte. Et pour Nandudu, il est clair que les femmes sont la colonne vertébrale de cette filière.

"Nous sommes les premières à planter, à désherber, à récolter, à laver le café. Il est temps que ce travail soit reconnu."

Peu à peu, les femmes prennent confiance et s’impliquent dans toute la chaîne de valeur, y compris dans la consommation. Dans les villes, certaines jeunes femmes deviennent même torréfactrices ou baristas une première dans une culture où le café était souvent réservé à l’exportation.

Avec ses points de collecte dans toute la région et une clientèle en croissance, Nandudu espère bientôt exporter directement. Et prouver que quand les femmes sont mieux payées, toute la communauté en profite.

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