Pêche illégale : des ONG réclament des comptes à l’Espagne

Des bateaux de pêche sont alignés sur le marché aux poissons de Soumbedioune à Dakar, au Sénégal, le 31 mai 2022.   -  
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Les ONG environnementales ClientEarth et Oceana ont décidé de poursuivre le gouvernement espagnol en justice.

En cause : son inaction face aux pratiques douteuses de plusieurs navires battant pavillon espagnol, opérant dans les eaux de l’Afrique de l’Ouest. "Nous avons constaté que des navires éteignent volontairement leurs systèmes de localisation, parfois pendant des jours. Ce manque de transparence est préoccupant, voire suspect. Nous avons demandé des enquêtes. L’Espagne a refusé. Nous n’avions plus d’autre choix que de porter l’affaire devant la justice" explique l'ONG.

Ces navires sont accusés d’avoir désactivé leur système d’identification automatique, ou AIS, un outil essentiel pour suivre les mouvements en mer. D’après l’analyse de Global Fishing Watch, cela s’est produit à plusieurs reprises au Sénégal et en Guinée-Bissau. Cette opacité favorise la pêche illégale, un fléau qui menace les ressources halieutiques, l’emploi et la sécurité alimentaire des communautés côtières.

Selon Ignacio Fresco Vanzini, conseiller chez Oceana Europe : "la loi européenne est claire : aucun citoyen ou entreprise de l’UE ne peut participer à la pêche illégale, n’importe où dans le monde. Les États membres ont le devoir de surveiller, enquêter et sanctionner si nécessaire."

Pourtant, les autorités espagnoles se disent limitées juridiquement : selon elles, elles ne peuvent agir que si les navires en question figurent déjà sur une liste noire. Un vide juridique que dénoncent les ONG, alors que l’Union européenne a récemment adressé un carton jaune au Sénégal, mettant en doute ses capacités à lutter contre la pêche illicite.

Mais la responsabilité est partagée : les États membres de l’UE ont, eux aussi, une obligation légale de contrôler leur flotte, même en dehors des eaux européennes. ClientEarth et Oceana espèrent que cette action en justice, portée devant le tribunal administratif de Madrid, fera bouger les lignes avant que les océans ne soient vidés en silence.

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