Kenya : une unité mobile révolutionne l’accès à la dialyse

Une infirmière administre une injection à un patient atteint de paludisme dans un service du centre médical Nightingale, à Kisumu, au Kenya, le mardi 16 avril 2024. 16, 2024.   -  
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Au Kenya, l’insuffisance rénale est un problème de santé majeur, mais le manque d’infrastructures complique l’accès aux soins pour des milliers de patients. Avec moins de 200 centres de dialyse, beaucoup sont contraints de parcourir de longues distances pour recevoir un traitement vital.

Aujourd’hui, une initiative innovante tente d’alléger ce fardeau : une unité mobile de dialyse, capable d’amener les soins au plus près des patients vivant en zones reculées.

Cette unité mobile, un camion de 12 roues transformé en clinique moderne, sillonne le comté de Murang’a pour proposer des séances de dialyse aux patients qui n’ont pas accès aux centres traditionnels.

Parmi eux, Eliud Mwangi, un agriculteur de 63 ans sous traitement depuis 2021. Pendant des années, il a dû effectuer deux fois par semaine un trajet épuisant et coûteux pour recevoir sa dialyse. Après chaque séance, les nausées et la fatigue rendaient son retour encore plus difficile. Aujourd’hui, la situation a changé.

"La distance que je devais parcourir a été réduite de plus des trois quarts. Maintenant, la dialyse est proche de chez moi, à moins de 20 minutes de route", explique-t-il, soulagé.

Une initiative portée par Benacare

Ce projet est piloté par l’organisation Benacare, spécialisée dans l’amélioration de l’accès aux soins pour les populations les plus vulnérables.

"Nous avons identifié des lacunes critiques dans l’accès aux soins, notamment pour les patients qui doivent parcourir en moyenne 250 kilomètres aller simple pour recevoir leur dialyse, deux fois par semaine et à vie", explique Naom Monari, fondatrice et PDG de Benacare.

"Nous avons donc conçu un modèle de dialyse mobile, basé sur l’hémodiafiltration itinérante, qui se déplace de communauté en communauté pour offrir ce service. Ce camion est le premier que nous avons lancé."

L’unité peut traiter trois patients à la fois, ce qui, bien que limité par rapport aux hôpitaux classiques, permet d’effectuer 144 séances de dialyse par semaine, avec une capacité maximale de 72 patients en fonctionnement jour et nuit.

Un dispositif performant, mais avec des défis

L’unité mobile est équipée des dernières machines d’hémodiafiltration, qui, selon Naom Monari, sont plus performantes que les équipements de dialyse classiques. Le Dr Jonathan Wala, néphrologue et président de l’Association rénale du Kenya, reconnaît les nombreux avantages de ces unités mobiles, notamment la réduction de la surcharge des hôpitaux.

Cependant, il souligne plusieurs défis :

La gestion des urgences en cas de complications médicales.

La logistique pour garantir l’accès aux patients deux fois par semaine.

Le coût d’exploitation équivalent à celui d’un centre fixe.

L’élimination des déchets médicaux, un enjeu environnemental et sanitaire.

Un service gratuit pour les assurés

L’unité mobile est accessible gratuitement aux patients enregistrés auprès de l’Autorité de Santé Sociale du Kenya. Ils peuvent également bénéficier du programme Kang’ata Care, une assurance mise en place par le gouvernement du comté de Murang’a.

En 2021, plus de 5 500 patients nécessitaient une dialyse régulière au Kenya, un chiffre qui continue de croître. Face à un nombre insuffisant de centres spécialisés, des initiatives comme celle de Benacare apparaissent comme des solutions essentielles pour améliorer l’accès aux soins.

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