En Ouganda, les orphelins du VIH sont désormais à la charge d'un collectif de grands-mères volontaires.
Ouganda : des grands-mères accueillent des "orphelins du VIH"
Dans le district de Kanungu, dans l'ouest du pays, le VIH et la pauvreté ont emporté les parents de nombreux enfants. Plus de 20 000 grands-mères essaient de réinventer un avenir à plus de 80.000 gamins et gamines, à travers le programme des grands-mères de Nyaka.
Débutée spontanément il y a 20 ans, l'initiative transforme aujourd'hui la vie de milliers de familles.
« Je suis allé de maison en maison dans la communauté où se trouve la première école primaire de Nyaka et j’ai demandé aux femmes de nous aider à héberger des enfants pendant qu’ils viennent à l’école du lundi au vendredi. Grâce à cet hébergement, nous avons constaté une meilleure participation et une meilleure fréquentation scolaire, et nous avons vu que cela fonctionnait pour nos enfants. Mais ensuite, nous nous sommes demandé ce que nous pouvions faire pour les femmes qui hébergent ces enfants. » Explique, Twesigye Jackson Kaguri, initeur du programme des grand-mères.
Kyarikunda Georgina : une vie dédiée aux enfants
Kyarikunda Georgina, 60 ans, a perdu son mari en 2005. Nous la retrouvons en train de moudre du sorgho sur une pierre pendant que les enfants balayent la cour. Son unique enfant s’est marié et vit désormais dans une autre ville.
Plutôt que de vivre une vie solitaire, Kyarikunda a choisi de s’occuper d’enfants ayant besoin d’un foyer. Aujourd’hui, elle prend soin de huit enfants et trouve un sens à son travail bénévole.
"Donner et soutenir les enfants ne dépendent pas du fait d’être riche ou d’avoir beaucoup d’argent. Certains ont beaucoup d’argent, mais n’aident pas. En prenant exemple sur moi, d'autres commencent à aider les enfants", explique-t-elle.
Elle est devenue un modèle pour de nombreuses femmes âgées de sa communauté :
"Beaucoup ont appris de moi grâce à mon cœur pour les enfants qui ne sont pas les miens. Par exemple, une grand-mère de la région, qui avait d'importantes responsabilités, a maintenant pris l’initiative grâce à ce qu’elle voit que je fais", raconte-t-elle.
Un impact transformateur pour les enfants
Les recherches montrent que plus de 80 millions d’enfants africains n’ont pas accès à un logement décent. Mais pour les enfants pris en charge par ces grands-mères, la vie est différente.
Amanya Jordan, 15 ans, sous la garde de Kyarikunda, a une nouvelle perception de ce que peut être un foyer : il ne s’agit pas seulement d’une mère, d’un père et d’enfants, mais d’amour et de sécurité.
"Je me sens bien de vivre avec ma grand-mère parce qu’elle nous donne ce dont nous avons besoin. Quand je serai grand, je veux devenir médecin", dit Amanya.
Asiimwe Prima, une pré-adolescente, fait également preuve d’espoir malgré les défis de la vie :
"J’étais en classe de primaire quatre et j’ai été promue en primaire cinq. Je remercie ma grand-mère parce qu’elle a tout fourni, y compris les frais de scolarité pour le trimestre. Quand je serai grande, je veux devenir enseignante", dit-elle.
Un réseau de soutien entre grands-mères
Par une journée fraîche, cinq grands-mères avec leurs enfants adoptifs rendent visite à Kyarikunda. Elles restent en contact et se rencontrent parfois pour échanger des idées simples sur des activités économiques.
Beaucoup de ces femmes ont perdu leurs propres enfants à cause du VIH.
Un programme holistique pour reconstruire les familles
Le programme des grands-mères de Nyaka offre une approche globale pour reconstruire les familles, en fournissant des opportunités éducatives et un soutien économique. Le recrutement repose sur des valeurs sociales telles que le soin, la résilience et la solidarité communautaire.
"Nous anticipons que nos grands-mères soient des modèles dans la société. Elles doivent être un exemple pour que les enfants qu’elles élèvent voient en elles une force positive. Nous n’encourageons pas celles qui fument, boivent de l’alcool ou n’ont pas de bonnes habitudes", explique Denesi Niwarinda, coordonnatrice du programme.
Alors que le programme s’étend à d’autres districts, ces grands-mères reconstruisent leurs propres vies tout en élevant la prochaine génération.
Elles ne sont pas seulement des aidantes : ce sont des héroïnes.