À Harare, la capitale du Zimbabwe, le paysage commercial est en pleine transformation avec la prolifération des "tuck shops". Ces petits magasins informels, souvent installés dans des zones résidentielles, répondent à un besoin pressant : créer des emplois dans un pays où le taux de chômage frôle les 60 %. Cependant, cette croissance rapide n’est pas sans conséquences.
Zimbabwe : la croissance des "tuck shops", aubaine ou défi économique ?
Si les "tuck shops" offrent une solution à court terme pour les chômeurs, ils évincent progressivement les grands détaillants et les grossistes, perturbant ainsi l'économie formelle. De plus, l’essor de ces commerces informels s'accompagne d'une montée de l'évasion fiscale, aggravée par l'importation illégale de produits contrefaits. « Ce n'est pas une bonne chose pour l'économie, » déclare l'économiste Farai Mutambanengwe. « L'économie devrait être composée principalement de grandes entreprises formelles. Quand les entreprises informelles prennent le contrôle, la qualité des quartiers diminue, la valeur des propriétés baisse, et les taxes ne sont plus collectées. »
Le gouvernement zimbabwéen se retrouve donc face à un dilemme : comment formaliser cette économie parallèle sans nuire à ceux qui en dépendent ? La prolifération des produits de contrebande et de contrefaçon vendus dans ces "tuck shops" ne fait qu'exacerber les pertes en termes de recettes fiscales. « La prolifération des produits de contrebande crée une concurrence déloyale aux produits locaux, » explique Jenfan Muswere, Ministère de la publicité, de l'information et des services de radiodiffusion du Zimbabwe. « Ces produits ne sont pas soumis à la taxation et aux droits d'importation, ce qui fragilise notre économie. »