Italie : la fresque d'Egonu vandalisée, le maire de Rome dénonce le racisme

Vue d'une fresque en hommage à la volleyeuse italienne Paola Egonu, sur un mur, devant le siège du CONI à Viale Tiziano à Rome, lundi 12 août 2024.   -  
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Mauro Scrobogna/LaPresse

En Italie, le maire de la ville de Rome ainsi que d'autres autorités ont dénoncé la dégradation d'un portrait de Paola Egonu.

Il s'agit d'une œuvre d'art dans un coin de rue en hommage à la volleyeuse qui a mené l'Italie à sa première médaille d'or olympique en volley-ball féminin, c'était lors des Jeux olympiques de Paris. Egonu avait pourtant dû faire face à des années d'abus racistes en Italie.

Née en Italie de parents d'origine nigériane, Egonu a été désignée meilleure joueuse du tournoi olympique de Volley-ball après avoir mené l'Italie à battre les États-Unis, champions en titre, dimanche, lors de la dernière journée des Jeux. La médaille d'or est venue couronner un tournoi olympique bien maîtrisé au cours duquel les Italiennes n'ont perdu qu'un seul set.

Quelques heures après la fin des Jeux, l'artiste de rue Laika a rendu hommage à Egonu avec cette peinture réalisée du siège du Comité olympique italien à Rome. Intitulé « Italianness », le graffiti montrait Egonu, avec ses longs cheveux en queue-de-cheval caractéristique et vêtue de l'uniforme bleu des Azzurri, en train de frapper une balle sur laquelle étaient inscrits les mots « Stop au racisme, à la haine, à la xénophobie ».

Il s'agissait d'une référence aux années d'abus racistes subis par Egonu en tant qu'athlète noire en Italie, des personnalités remettant régulièrement en question sa citoyenneté italienne. Egonu est italienne et le président italien lui a même décerné l'une des plus hautes distinctions civiles du pays en 2021.

Un jour après que des images de la célébration du graffiti de Laika aient commencé à circuler, l'œuvre originale a été dégradée. La peau foncée d'Egonu fut peinte en rose et les messages contre le racisme écrit sur le ballon de volley-ball ont été dénaturés.

Le maire de Rome, Roberto Gualtieri, a dénoncé cet acte de vandalisme comme une « insulte ignoble et honteuse » à l'égard d'Egonu et de Laika.

Dans une déclaration faisant l'éloge de la grandeur athlétique d'Egonu et de l'engagement de Laika dans la lutte contre la xénophobie, M. Gualtieri a déclaré qu'il était « triste qu'en 2024, il y ait encore des racistes prisonniers de leur propre ignorance qui veulent faire reculer les mains de l'histoire ».

À un moment donné, mardi, quelqu'un a utilisé un marqueur sombre pour tenter de restaurer le dessin original de Laika.

En 2022, Egonu a menacé de quitter l'équipe nationale après avoir fait l'objet d'insultes racistes en ligne lui demandant si elle était italienne, preuve des idées reçues selon lesquelles toute personne noire est un immigré nouvellement arrivé.

Dans un message sur les réseaux sociaux expliquant le graffiti, Laika a écrit qu'il n'y avait pas de place en Italie pour la xénophobie, le racisme, la haine ou l'intolérance. « Le racisme est un fléau social qui doit être vaincu. Il est très important de le faire par le biais du sport », a écrit Laika.

L'équipe italienne de volley-ball victorieuse comptait d'autres Italiens noirs, ainsi qu'Ekaterina Antropova, une Russe qui joue depuis longtemps en Italie et à qui le gouvernement a accordé la citoyenneté italienne l'année dernière.

Le vandalisme a fait la une des journaux italiens mercredi, les principaux quotidiens présentant les images avant et après l'œuvre de Laika et les commentaires déplorant que l'on puisse mettre en doute l'« italianité » d'Egonu après qu'elle a apporté une gloire sans précédent à l'Italie.

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