Un policier visé par une enquête pour homicide volontaire après avoir tué un jeune homme à Marseille en 2021 a participé à la démonstration de BMX lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris, le vendredi 26 juillet 2024.
JO Paris 2024 : un policier sous le coup d'une enquête était à la cérémonie d’ouverture
Issam El Khalfaoui ne s'attendait pas à recevoir cet appel spécial de sa sœur pendant la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris. Cette dernière lui annonçant que le policier qui avait tué son fils à Marseille en 2021, était à la télévision, en train de montrer ses talents de BMX aux téléspectateurs du monde entier.
En août 2021, Souheil, le fils d'El Khalfaoui, âgé de 19 ans, a été abattu par un policier en formation lors d'un contrôle routier dans la ville de Marseille, dans le sud de la France. L’enquête a été classée sans suite une première fois en décembre 2021, puis relancée par une nouvelle plainte et confiée à une autre juridiction. Mais, depuis trois ans les investigations n'avancent pas.
Le policier, Romain Devassine, est un pilote amateur de BMX qui faisait partie de ceux qui se produisaient sur la Seine lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, selon les médias français. L'avocat de l'officier et le ministère de l'Intérieur n'ont pas répondu aux demandes de commentaires.
Suite à l'appel de sa sœur, Issam El Khalfaoui a décidé de faire part de son indignation au journal d’information numérique Mediapart cette semaine. La porte-parole du comité d'organisation des Jeux olympiques de Paris 2024, Anne Descamps, a déclaré mardi que les artistes de la cérémonie d'ouverture étaient engagés par une agence de production extérieure et que "la sélection était basée sur leurs compétences créatives".
Les documents de l'enquête de l'IGPN indiquent que Souheil El Khalfaoui a mis en danger la vie d'un autre officier en reculant lors d’un contrôle routier. En réponse, le policier Devassine a tiré sur Souheil El Khalfaoui au niveau de la poitrine, le tuant.
La famille et ses avocats affirment que l'enquête interne de la police présentait de nombreuses incohérences. En effet, les images de vidéo surveillance de quatre caméras situées dans des commerces voisins ont été perdues, certains témoins clés n'ont jamais été interrogés et le policier n'a pas été arrêté immédiatement, mais a été laissé en liberté juste après le meurtre, ce qui est inhabituel en France.
"Ce n'est pas seulement mon histoire et celle de mon fils", a déclaré Issam El Khalfaoui dans une tribune intitulée "Pas de trêve olympique pour les victimes de violences policières", publiée par Mediapart.
La révélation de la présence de l'officier lors de la cérémonie olympique a ravivé la colère et le chagrin d'autres familles de personnes tuées par la police.