De prometteuses perspectives économiques en Afrique | Discours d’ouverture

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Discours d’ouverture prononcé par Akinwumi A. Adesina, Président du Groupe de la Banque africaine de développement et président des Conseils d’administration du Groupe de la Banque Chatham House, Londres, le 7 juin 2024

Bonjour à tous !

Je tiens à remercier Chatham House de m’avoir invité à prendre la parole aujourd’hui. Je suis ravi d’être de retour ici, dans cette maison d’idéation de renommée mondiale, où les enjeux contemporains sont débattus et discutés.

Mesdames, Messieurs,

La dernière fois que je suis venu ici, c’était en 2015, lorsque je faisais campagne pour la présidence de la Banque africaine de développement.

Beaucoup de choses se sont passées depuis : j’ai été élu en 2015 et réélu pour un second mandat en 2020, à l’unanimité des voix des 81 pays actionnaires, africains et non africains.

Il est également de bon augure que je m’adresse à vous quelques jours après les Assemblées annuelles du Groupe de la Banque africaine de développement, qui se sont tenues la semaine dernière à Nairobi, au Kenya. Nos actionnaires y ont approuvé à l’unanimité une nouvelle augmentation de 117 milliards de dollars du capital de la Banque africaine de développement.

Celle-ci fait suite à la précédente augmentation générale du capital qui date de 2019 et a porté, de 93 milliards à 201 milliards de dollars, le capital de la Banque africaine de développement.

Cette nouvelle injection de capitaux, la semaine dernière, porte le capital de la Banque africaine de développement à 318 milliards de dollars.

Nous serons plus grands, plus audacieux et plus performants.

L’augmentation historique de notre capacité financière témoigne de la confiance des actionnaires dans la vision de la Banque africaine de développement pour l’Afrique, ainsi que de notre détermination et de notre engagement à accélérer sa croissance et son développement.

Ils l’ont fait parce que nos programmes prioritaires « High 5 » (éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie, nourrir l’Afrique, industrialiser l’Afrique, intégrer l’Afrique et améliorer la qualité de vie des populations en Afrique) ont déjà eu un impact sur plus de 400 millions de personnes lors de ces huit dernières années.

Le capital qui vient d’être injecté nous permettra d’en faire plus.

C’est donc avec l’enthousiasme que procure le vent dans les voiles de la Banque africaine de développement que j’ai le plaisir de m’adresser à vous aujourd’hui sur le thème « De prometteuses perspectives économiques en Afrique ».

Mesdames et messieurs,

Le New York Times a récemment titré : l’avenir est en Afrique.

Je suis d’accord avec le New York Times. L’Afrique ne peut plus être ignorée. Je suis convaincu que l’Afrique sera le continent pivot du monde, compte tenu de ses perspectives économiques.

Premièrement, la population africaine devrait atteindre 2,5 milliards d’habitants d’ici à 2050 et, à cette date, une personne sur quatre vivant sur Terre sera en Afrique. Avec une classe moyenne en plein essor et des dépenses de consommation et d’affaires qui devraient atteindre 7 000 milliards de dollars, il s’agit d’un formidable marché d’avenir.

Deuxièmement, avec une jeunesse en plein essor de près d’un milliard de personnes âgées de moins de 35 ans, l’Afrique regorgera de travailleurs compétents et talentueux qui constitueront la main d’œuvre du monde entier.

Troisièmement, 65 % des terres arables non cultivées de la planète se trouvant en Afrique, ce que l’Afrique fera de son agriculture déterminera l’avenir de l’alimentation dans le monde pour nourrir la population mondiale de 9,7 milliards d’habitants d’ici à 2050.

Quatrièmement, l’avenir de la transition énergétique, pour un monde alimenté en grande partie par des énergies renouvelables, dépendra de l’Afrique. L’Afrique possède le plus grand potentiel solaire au monde, ce qui sera essentiel pour développer l’hydrogène vert et l’ammoniac vert qui alimenteront les économies vertes du monde pour atteindre le niveau de zéro émission nette. L’Afrique possède également les plus grands gisements de minéraux et de métaux verts, tels que le platine, le cuivre, le nickel, le manganèse, le chrome, le graphite et le lithium, qui sont essentiels à la fabrication de panneaux solaires, de systèmes de stockage d’énergie par batterie et de véhicules électriques, un marché qui, selon les estimations, devrait atteindre 57 000 milliards de dollars d’ici à 2050.

Cinquièmement, la zone de libre-échange continentale africaine, qui réunit les 54 pays d’Afrique, avec un PIB estimé à 3 400 milliards de dollars, est en passe de devenir la plus grande zone de libre-échange du monde.

Par conséquent, les tendances économiques, la croissance et le développement de l’Afrique sont essentiels dans la perspective d’un monde où le continent jouera un rôle important.

Mesdames, Messieurs,

Malgré les défis posés par la pandémie de Covid-19, les risques géopolitiques, les prix élevés des denrées alimentaires et de l’énergie, et la hausse des taux d’intérêt mondiaux, les pays africains font preuve de résilience économique. La croissance du PIB réel de l’Afrique est passée de 3,1 % en 2022 à 3,7 % en 2023 et devrait atteindre 4,3 % en 2025, selon le rapport « Perspectives économiques en Afrique » de la Banque africaine de développement.

L’Afrique est la deuxième région du monde qui connaît la croissance la plus rapide, juste derrière l’Asie, et compte dix des vingt pays qui connaissent la croissance la plus rapide au monde. 

Alors que la résilience économique de l’Afrique est renforcée, le déblocage de ses perspectives économiques nécessite d’assurer un changement structurel de ses économies, d’augmenter la productivité de l’agriculture, de fournir de l’électricité, d’accélérer les investissements dans les infrastructures, de soutenir une numérisation plus rapide, de libérer des opportunités économiques et d’emploi pour les femmes et les jeunes, et de stimuler l’industrialisation grâce à une plus grande mobilisation du secteur privé.

Assurer la sécurité alimentaire en Afrique figure en tête des priorités de la Banque africaine de développement. Au cours des huit dernières années, nous avons fourni près de dix milliards de dollars pour soutenir l’agriculture. Notre initiative phare, Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine (TAAT), a permis de fournir des technologies agricoles climato-intelligentes à 13 millions d’agriculteurs. Notre soutien à l’Éthiopie avec des variétés de blé résistantes à la chaleur a permis à ce pays de devenir autosuffisant en blé en moins de quatre ans.

La Banque africaine de développement met également en place des zones spéciales de transformation agro-industrielle dans onze pays afin de soutenir l’agro-industrialisation, la création de valeur ajoutée et le développement des chaînes de valeur agricoles. Cela est essentiel pour débloquer la valeur des denrées alimentaires et de l’agro-industrie en Afrique, qui représentera 1 000 milliards de dollars d’ici à 2030.

L’exploitation des vastes sources d’énergie renouvelable de l’Afrique et la garantie de l’approvisionnement, de l’accès et de la sécurité énergétiques sont essentielles à la prospérité économique du continent. Près de 600 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité en Afrique. 

Depuis que la Banque africaine de développement a lancé en 2016 son Nouveau pacte pour l’énergie en Afrique, de nombreux progrès ont été réalisés, la part de la population ayant accès à l’électricité étant passée de 32 % à 57 %. Pour élargir l’accès à l’électricité, la Banque africaine de développement met en œuvre une initiative de 20 milliards de dollars appelée « Desert to Power », qui vise à développer 10 000 mégawatts d’électricité d’origine solaire dans 11 pays afin de raccorder 250 millions de personnes à l’électricité.

Lors des réunions de printemps de la Banque mondiale en début d’année, le président de la Banque mondiale et moi-même avons lancé un effort conjoint audacieux pour que 300 millions d’Africains soient raccordés à l’électricité grâce à la Banque mondiale et à la Banque africaine de développement d’ici à 2030.

Mesdames, Messieurs,

La Banque africaine de développement investit massivement dans le capital humain pour libérer le potentiel de croissance de l’Afrique, notamment en tirant parti des talents scientifiques de la diaspora. 

Nous soutenons les universités scientifiques et technologiques, en développant la formation en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques, les centres d’excellence en biotechnologie et en sciences des matériaux, ainsi que la formation technique et professionnelle. Nous avons engagé 700 millions de dollars pour l’éducation et le développement des compétences, ce qui a permis de soutenir 4 000 établissements d’enseignement supérieur et de formation et d’offrir à 1,7 million de jeunes Africains un accès à l’enseignement des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques.

La Banque africaine de développement soutient les programmes « Codage pour l’emploi », qui fournissent des compétences numériques essentielles en matière de codage informatique, en partenariat avec Microsoft Philanthropies. Cela est essentiel pour continuer à stimuler l’expansion des fintech qui connaissent un essor rapide en Afrique. Le nombre de start-up a triplé sur le continent, atteignant 5 200 entre 2020 et 2021, alors que le chiffre d’affaires des entreprises de fintech devrait dépasser 30 milliards de dollars par an d’ici à 2025. Cette tendance reflète les estimations de Google et de la Société financière internationale, selon lesquelles l’économie de l’Internet en Afrique atteindra 180 milliards de dollars d’ici à 2025 et 712 milliards de dollars d’ici à 2050. 

Pour libérer le potentiel de l’économie numérique, il faudra investir massivement dans l’infrastructure numérique, notamment dans la fibre optique, les centres de données et l’expansion des réseaux mobiles afin d’améliorer la connectivité.

Pour soutenir les entreprises des jeunes en Afrique et stimuler l’entrepreneuriat, la Banque africaine de développement crée des banques d’investissement pour l’entrepreneuriat des jeunes à travers le continent. Il s’agit de nouvelles institutions financières qui fourniront des instruments financiers sur mesure pour développer les entreprises des jeunes et créer de la richesse pour les jeunes, ce qui réduira les migrations. Les premières banques d’investissement pour l’entrepreneuriat des jeunes ont été approuvées pour le Liberia (16 millions de dollars) et l’Éthiopie (32 millions de dollars), et plusieurs autres sont en préparation.

Nous nous concentrons également sur les femmes.

L’initiative phare de la Banque africaine de développement, AFAWA (« Affirmative Finance Action for Women in Africa »), réduit les risques pour les institutions financières afin qu’elles accordent des prêts aux femmes. L’initiative AFAWA tient ses promesses. Elle travaille avec 169 institutions financières dans 43 pays et a jusqu’à présent approuvé 1,7 milliard de dollars de financements pour 18 300 entreprises détenues par des femmes. Notre objectif est de mobiliser cinq milliards de dollars pour ces entreprises.

Mesdames, Messieurs,

Pour améliorer l’intégration régionale et assurer le succès de la zone de libre-échange continentale africaine, la Banque africaine de développement a fourni près de 50 milliards de dollars à l’appui de projets d’infrastructure au cours des huit dernières années. Cela comprend la construction de routes, de corridors de transport, de voies ferrées, de ports, de systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement, et d’infrastructures numériques.

Pour soutenir la transition de l’Afrique vers le zéro émission nette, la Banque africaine de développement a lancé l’Alliance pour l’infrastructure verte en Afrique (AGIA) afin de mobiliser dix milliards de dollars de financements privés pour l’infrastructure verte en Afrique.

La Banque africaine de développement mobilise davantage d’investissements du secteur privé en Afrique. Nous avons soutenu le projet de GNL (gaz naturel liquéfié) au Mozambique, d’une valeur de 24 milliards de dollars, qui rapportera plus de 66 milliards de dollars au pays et fera du Mozambique le troisième plus grand exportateur de GNL au monde. Nous avons soutenu le complexe de raffinerie Dangote, d’une valeur de 19,5 milliards de dollars, qui est la plus grande raffinerie à train unique du monde et la plus grande usine d’ammoniac au monde. Nous avons soutenu l’entreprise de phosphates OCP au Maroc, d’une valeur de 13 milliards de dollars, qui est la plus grande usine d’engrais phosphatés au monde.

Mesdames, Messieurs,

Les risques — en particulier les risques de marché, les risques de contrepartie, les risques de change et les risques politiques — constituent un défi majeur pour les investissements du secteur privé. Pour les atténuer, la Banque africaine de développement déploie des garanties partielles de risque et des garanties partielles de crédit. Celles-ci fonctionnent très bien et constituent désormais une part importante de nos activités.

Par exemple, notre garantie partielle de crédit de 195 millions d’euros a permis à la République du Bénin de lever 350 millions d’euros auprès de banques et d’investisseurs internationaux, en allongeant l’échéance de 10 à 12,5 ans, à un taux d’intérêt faible, inférieur d’environ 290 points de base à la courbe de rendement des euro-obligations pour des maturités similaires.

Notre garantie partielle de crédit de 345 millions de dollars a permis à l’Égypte d’accéder aux marchés de capitaux privés, grâce à l’émission d’une obligation Panda, la toute première à être émise en Chine par un pays africain. Cette émission obligataire, garantie à 100 % par la Banque africaine de développement et la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures, a remporté le prix « Sovereign, Supra and Agency bond deal of the year » lors des Bonds, Loans and ESG Capital Markets Awards 2024.

Les garanties partielles de risque sont utilisées avec succès pour attirer des investisseurs privés dans des projets menés avec des gouvernements. La Banque utilise jusqu’à 800 millions de dollars de garantie partielle de crédit pour mobiliser un prêt commercial de 1,35 milliard de dollars pour le financement du sixième lot du chemin de fer à écartement standard entre la Tanzanie, la République démocratique du Congo et le Burundi, multipliant ainsi par 3,4 les ressources de la Banque.

Mesdames, Messieurs,

Le risque de change constitue un défi majeur pour le secteur privé, en raison de l’inadéquation entre les prêts ou les prises de participation libellés en devises et les bénéfices en monnaie locale des entreprises ou des contreparties.

La Banque accorde des prêts dans 11 monnaies locales et déploie des produits en monnaie locale. En outre, elle utilise toute une gamme d’instruments pour soutenir les prêts en monnaie locale, notamment des prêts synthétiques en monnaie locale et le recours à des institutions de couverture du risque de change du secteur privé, telles que TCX.

Les gestionnaires de portefeuille des investisseurs institutionnels mondiaux hésitent à investir en Afrique pour de multiples raisons, la principale étant la perception d’un risque élevé. Les pays africains subissent donc des primes de risque élevées, le coût d’accès au capital sur le continent étant au moins trois fois supérieur à celui d’autres marchés émergents et régions en développement.

Cette « prime de risque pour l’Afrique » entraîne un sous-investissement du secteur privé en Afrique.

Mais la perception n’est pas la réalité.

Moody’s Analytics a mené une enquête sur 14 ans concernant les taux de défaut cumulés sur les prêts d’infrastructure dans diverses régions du monde. Les résultats montrent que le taux de défaut en Afrique était de 1,9 %, alors qu’il était de 6,6 % en Amérique du Nord, de 10 % en Amérique latine, de 12 % en Europe de l’Est et de 4,3 % en Asie de l’Ouest.

Pour aider la Banque africaine de développement à transférer les risques de son bilan aux investisseurs institutionnels privés et aux marchés de l’assurance, le Bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni (FCDO) a fourni à la Banque une garantie de deux milliards de dollars, ce qui a permis à la Banque africaine de développement de libérer deux milliards de dollars de nouveaux prêts pour soutenir le financement climatique. Le FCDO du Royaume-Uni a également fourni une garantie d’un milliard de dollars pour libérer le même niveau de financement pour la Banque africaine de développement afin de financer une transition énergétique juste pour l’Afrique du Sud.

L’Africa Investment Forum offre une plateforme transparente aux investisseurs intéressés par l’Afrique, leur permettant de se rencontrer, d’évaluer des projets, d’évaluer les risques, de chercher des contrefacteurs d’atténuation des risques, ainsi que de s’attaquer aux risques politiques qui pèsent sur les investisseurs. Depuis sa création en 2018, l’Africa Investment Forum a attiré plus de 180 milliards de dollars d’intérêts de la part des investisseurs en Afrique.

Mesdames, Messieurs,

Il ne fait aucun doute que les perspectives économiques de l’Afrique sont solides. Toutefois, pour les concrétiser, il faudra vaincre d’importants vents contraires. 

Le renforcement de la résilience du continent face au changement climatique figure en tête de liste. 

Le continent perd entre 7 et 15 milliards de dollars par an, et ce chiffre devrait atteindre 50 milliards de dollars d’ici à 2030. Aucune région d’Afrique n’est épargnée par la fréquence et l’intensité accrues des inondations et des sécheresses. Pourtant, l’Afrique ne reçoit que 3 % du financement climatique mondial, avec 30 milliards de dollars par an pour l’adaptation au climat, alors que ses besoins s’élèvent à 277 milliards de dollars par an.

La Banque africaine de développement soutient les pays africains dans leur lutte contre le changement climatique. Nous avons considérablement augmenté la part du financement climatique dans nos prêts annuels, passant de 9 % en 2016 à 55 % l’an dernier. La Banque met en œuvre une initiative de 25 milliards de dollars, le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique — le plus grand programme d’adaptation au climat au monde — en partenariat avec le Centre mondial pour l’adaptation.

L’augmentation des niveaux d’endettement constitue un autre vent contraire, 22 pays étant exposés à un risque élevé de surendettement. 

Cela est d’autant plus vrai que les financements concessionnels ont baissé à l’échelle mondiale, les pays dépendants davantage de créanciers commerciaux privés et du marché des euro-obligations. Les paiements au titre du service de la dette de l’Afrique s’élevant à 74 milliards de dollars cette année, contre 17 milliards de dollars en 2010, des mesures urgentes s’imposent en matière de traitement et de résolution globale de la dette de l’Afrique.

Mesdames, Messieurs,

Pour faire face à ces vents contraires, l’Afrique aura besoin de beaucoup plus de ressources financières, et pour cela, la réforme de l’architecture financière mondiale est essentielle. 

Des mesures doivent être prises dans cinq domaines. 

Premièrement, le cadre commun du G20 sur le traitement de la dette doit permettre une résolution beaucoup plus rapide de la dette des pays, afin d’éviter une « décennie perdue » similaire à celle qu’a connue l’Afrique dans les années 1990. 

Deuxièmement, l’architecture financière mondiale doit fournir davantage de financements concessionnels à l’Afrique. Cela est essentiel pour inverser la dépendance à l’égard de la dette commerciale pour le développement. Le Fonds africain de développement, qui soutient les 37 pays africains à faible revenu, aura besoin d’au moins 25 milliards de dollars pour la 17e reconstitution de ses ressources afin d’être plus audacieux, ambitieux et efficace dans la fourniture des financements concessionnels dont les pays ont tant besoin. 

Troisièmement, le système de financement mondial devrait être plus efficace pour l’Afrique et éviter les divergences économiques qui ralentissent la reprise économique du continent en cas de chocs mondiaux. Cette disparité dans l’accès au financement était évidente pendant la pandémie de Covid-19, lorsque les pays développés ont fourni des mesures de relance budgétaires à hauteur de 19 milliards de dollars à leurs économies (18 % du PIB mondial), alors que l’Afrique n’a pu fournir que 85 milliards de dollars (4,5 % de son PIB). 

La Banque africaine de développement élabore actuellement un mécanisme africain de stabilité financière afin de mieux protéger les économies africaines contre les chocs de liquidité et renforcer leur résilience économique.

Quatrièmement, le système mondial de financement conditionnel doit apporter davantage à l’Afrique. Sur les 650 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS) émis par le FMI, 33 milliards seulement ont été alloués à l’Afrique, le continent qui en a le plus besoin, soit 4,5 %. 

L’approbation récente par le Conseil d’administration du FMI de l’utilisation des DTS pour le capital hybride, conformément au cadre élaboré par la Banque africaine de développement et la Banque interaméricaine de développement, est un développement très positif. Le réacheminement approuvé de 20 milliards de dollars de DTS pour le capital hybride peut être multiplié par quatre par la Banque africaine de développement, la Banque interaméricaine de développement et d’autres pour fournir au moins 80 milliards de dollars de financement supplémentaire à l’Afrique et à d’autres régions.

Cinquièmement, les pays africains ont besoin d’un accès plus équitable aux marchés de capitaux mondiaux afin de réduire les pressions sur les liquidités et d’alléger les paiements au titre du service de la dette. Selon le Programme des Nations unies pour le développement, des notations de crédit plus équitables pour les pays africains permettraient d’économiser au moins 75 milliards de dollars par an sur le service de la dette.

Mesdames, Messieurs,

La trajectoire de l’Afrique sera beaucoup plus solide lorsque nous aurons relevé ces défis, que nous aurons amélioré la sécurité et que nous aurons augmenté les financements concessionnels et les financements du secteur privé. 

En fin de compte, ce qui fera la plus grande différence, c’est la mobilisation des ressources intérieures. Cela nécessitera une gestion macroéconomique et budgétaire solide et continue, une augmentation des recettes fiscales, une réduction de la corruption et des flux de capitaux illicites, une amélioration de la gestion des finances publiques et la libération de l’énorme richesse en capital naturel de l’Afrique, estimée à plus de 6 800 milliards de dollars.

Mesdames, Messieurs,

L’Afrique que nous voulons est à notre portée.

Nous réalisons de grands progrès.

Avec une volonté politique forte, des partenariats mondiaux et une coopération régionale, l’Afrique s’imposera comme le continent pivot. 

Une Afrique essentielle à l’avenir du monde. 

Une Afrique prospère, pacifique et florissante.

C’est une vision que mérite l’Afrique.

C’est une vision que nous devons tout faire pour réaliser.

Je vous remercie.

Pour en savoir plus sur la BAD, rendez-vous sur https://am.afdb.org/fr

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