Afrique du Sud : compte à rebours pour valider la coalition gouvernementale

Des membres de l'ANC protestent alors que Cyril Ramaphosa rencontre des hauts responsables lors du Comité exécutif national de l'ANC, le 6 juin 2024 à Johannesburg   -  
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Le Parlement sud-africain doit élire un président vendredi et les principaux partis politiques sont encore en train de régler les derniers détails d'un accord de coalition qui pourrait ou non permettre à Cyril Ramaphosa de revenir pour un second mandat à la tête de l'économie la plus industrialisée d'Afrique.

Le parti de M. Ramaphosa, le Congrès national africain, a déclaré qu'il organiserait une réunion de ses plus hauts responsables au Cap jeudi soir, à peine 12 heures avant que le Parlement ne se réunisse dans la ville et n'entame le processus d'élection du président.

L'Afrique du Sud est dans une impasse politique depuis que l'ANC a perdu la majorité qu'il détenait depuis 30 ans lors d'une élection il y a deux semaines, ce qui l'a contraint à se rapprocher des autres partis pour trouver une forme d'accord afin de co-gouverner pour la première fois. La priorité de l'ANC est de réélire M. Ramaphosa, mais il aura besoin de l'aide d'autres législateurs car il n'a plus de majorité parlementaire.

Aucun accord définitif entre les partis n'a été annoncé et la direction interne de l'ANC doit également approuver officiellement toute coalition.

Comment le président est-il élu ?

Les Sud-Africains élisent un nouveau Parlement tous les cinq ans, en votant pour des partis qui se voient attribuer des sièges en fonction de leur part de voix. Ces députés élisent ensuite le président. L'ANC étant majoritaire depuis la fin de la domination de la majorité blanche sous le régime de l'apartheid en 1994, l'élection du président n'était auparavant qu'une formalité et le leader de l'ANC était toujours élu.

Cette fois-ci, c'est différent. M. Ramaphosa, 71 ans, pourrait encore obtenir un second mandat en douceur s'il est le seul candidat désigné par le Parlement vendredi - il serait alors automatiquement réélu. Mais si un ou plusieurs autres candidats sont désignés, un vote suivra et l'ANC aura besoin de ses partenaires de coalition pour garantir la réélection de M. Ramaphosa.

Pièces du puzzle

Le Parti de la liberté Inkatha a annoncé mercredi soir qu'il rejoindrait le "gouvernement d'unité nationale" proposé par l'ANC, ce qui constitue la première pièce du puzzle de la coalition. Il a soutenu M. Ramaphosa pour un second mandat. Toutefois, l'IFP ne détient que 17 sièges à la chambre basse du Parlement, qui en compte 400 et qui élit le président, et l'ANC a besoin d'autres sièges pour atteindre le point critique de la majorité conjointe.

L'Alliance démocratique, principal parti d'opposition, détient désormais la clé avec ses 87 sièges, soit le deuxième plus grand nombre de sièges derrière les 159 de l'ANC. La DA n'a pas confirmé son entrée dans le gouvernement d'union, bien qu'elle ait déjà déclaré qu'elle était disposée à le faire. Elle affirme qu'il lui suffit de régler les détails avec l'ANC. Il s'agit là d'une négociation cruciale, et ces pourparlers devraient se poursuivre jeudi. Un accord ANC-DA-IFP semble être au cœur de toute coalition à l'heure actuelle.

Cependant, la DA a été la voix la plus critique de l'ANC au cours des 20 dernières années et il est compliqué de réunir les deux partis pour qu'ils gouvernent ensemble. Il existe également une certaine résistance au sein de l'ANC à la conclusion d'un accord avec un parti qu'il considère comme son principal ennemi politique depuis si longtemps.

Opposition à la coalition

Deux autres grands partis, le nouveau parti MK de l'ancien président Jacob Zuma et le parti d'extrême gauche Economic Freedom Fighters, ont déclaré qu'ils ne rejoindraient pas un gouvernement d'unité. Le MK a également tenté de faire interrompre la séance du Parlement devant un tribunal, mais il a perdu son procès. MK affirme que ses 58 nouveaux législateurs boycotteront la première séance de vendredi du nouveau Parlement, mais cela ne devrait pas avoir d'incidence sur le vote du président.

La Constitution sud-africaine stipule qu'au moins un tiers des 400 députés du Parlement doivent être présents pour que le quorum soit atteint et que les votes puissent avoir lieu. L'ANC détient à lui seul plus d'un tiers des sièges.

Processus

Le président de la Cour suprême supervisera la première partie de la session parlementaire, au cours de laquelle les législateurs prêteront serment avant d'élire le Président et le vice-président. Vient ensuite l'élection du président.

Dix-huit partis politiques sont représentés au Parlement sud-africain pour ce mandat de cinq ans, de l'ANC, avec 159 sièges, au Congrès panafricain d'Azanie, au parti GOOD et au parti United Africans Transformation, avec un siège chacun.

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