Élections en RDC : la police empêche une manifestation interdite

Des policiers de la République démocratique du Congo (RDC) se tiennent à côté d'une barricade en feu lors d'une manifestation de l'opposition à Kinshasa, le 27 décembre 2023   -  
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Un important dispositif policier a empêché mercredi à Kinshasa la tenue d'une manifestation de l'opposition contre le processus électoral, qui avait été interdite par les autorités, a constaté une équipe de l'AFP.

Plusieurs opposants candidats à la présidentielle des 20-21 décembre en République démocratique du Congo (RDC), ainsi que des organisations de la société civile, avaient appelé à une marche contre ce qu'ils qualifient de "simulacre d'élections" , dont ils demandent l'annulation.

Le ministre de l'Intérieur, Peter Kazadi, avait annoncé mardi que cette marche ne serait pas permise. Elle "a pour but de mettre à mal le processus électoral, le gouvernement de la République ne peut pas accepter cela" , a-t-il déclaré.

L'opposition avait maintenu son mot d'ordre et appelé à se rassembler aux abords du palais du peuple, siège du Parlement , tout près du grand stade des Martyrs , pour marcher jusqu'au siège de la Commission électorale (CENI). Mais les policiers anti-émeutes ont empêché tout rassemblement.

Ils ont notamment fait usage de gaz lacrymogènes contre des sympathisants de l'opposant Martin Fayulu qui s'étaient regroupés devant le siège de son parti, situé à proximité du palais du peuple, pendant que d'autres jeunes manifestants enflammaient des pneus sur la chaussée.

Près de 44 millions d'électeurs étaient appelés à élire le 20 décembre leur président, leurs députés nationaux et provinciaux et leurs conseillers communaux. En raison de nombreux problèmes logistiques, le quadruple scrutin a été prolongé officiellement d'une journée et s'est poursuivi jusqu'à Noël dans certaines zones reculées.

Des résultats partiels de la présidentielle placent le chef de l'État sortant, Félix Tshisekedi , largement en tête, avec quelque 79% des voix. Au pouvoir depuis début 2019, il brigue un second mandat de cinq ans.

Selon les derniers chiffres disponibles, portant sur environ 6 millions de voix comptabilisées, Moïse Katumbi , ancien gouverneur de la région minière du Katanga, arriverait en seconde position, avec 14% des voix, suivi de Martin Fayulu , candidat malheureux à la présidentielle de 2018 (4%).

Les autres candidats, qui étaient une vingtaine, n'atteindraient pas 1% des suffrages. Parmi eux, le Dr Denis Mukwege , prix Nobel de la paix en 2018 pour son action auprès des femmes victimes de viols de guerre, serait en 11e position, avec 0,12%.

Dès le 20 décembre, les opposants avaient qualifié les élections de "chaos total" et dénoncé des "irrégularités" . L'archevêque de Kinshasa a estimé que ces élections avaient été "un gigantesque désordre organisé" .  Comme une quinzaine d'ambassades avant lui, le prélat a appelé à la "retenue" .

Des tensions sont redoutées à l'annonce du vainqueur de la présidentielle, dans un pays à l'histoire politique agitée et souvent violente, au sous-sol immensément riche en minerais mais à la population majoritairement pauvre.

"Nous avons pris toutes les dispositions pour que la paix règne" , a assuré le ministre de l'Intérieur, notamment à Lubumbashi, fief de Moïse Katumbi, où des éléments de l'armée ont été déployés de manière très visible pendant le week-end de Noël.

"Le chaos n'est pas arrivé et il n'arrivera pas" , a affirmé durant le même point de presse le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya.  "L'opposition devrait attendre la fin de la publication des résultats provisoires (...) pour les contester devant la Cour (constitutionnelle) tel que prévu par la loi" , a-t-il insisté sur X (ex-Twitter).

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