L'ONU espère que la force multinationale en Haïti, qui doit aider la police locale à juguler la violence "absolue" des gangs, arrivera "au courant du premier trimestre 2024".
Haïti : l'ONU espère l'arrivée de la force multinationale début 2024
"Bien sûr, il est très difficile d'avoir une estimation du moment où ils (les membres de ce contingent, ndlr) arriveront en Haïti, cela dépend de la justice kényane et bien sûr de beaucoup d'autres éléments tels que le financement mais nous (...) espérons qu’ils pourront arriver au courant du premier trimestre 2024", a déclaré vendredi Ulrika Richardson, la représentante spéciale adjointe du Bureau intégré des Nations unies en Haïti, au cours d'un point de presse à Genève.
Début octobre, le Conseil de sécurité de l'ONU avait donné son feu vert à l'envoi en Haïti de cette mission multinationale dirigée par le Kenya pour aider la police haïtienne.
Une violence "absolue"
Elle devrait compter de 2.500 à 2.600 membres, dont 1.000 Kenyans, mais les effectifs totaux et la composition de la force, soutenue par les Etats-Unis, ne sont pas définitivement fixés, a rappelé Mme Richardson.
Ce petit Etat caribéen est en proie à la violence des gangs qui contrôlent 80% de sa capitale Port-au-Prince et le nombre des crimes graves a atteint des records.
"Haïti est confronté à une situation de violence brutale et absolue", a résumé l'envoyée de l'ONU, évoquant les quelque 8.000 meurtres, lynchages, kidnappings et viols dans ce pays -le plus pauvre de la région- depuis le début de 2023.
Le déploiement de la force reste suspendu à une décision de la Haute cour de Nairobi qui examine un recours déposé par un opposant. Selon un juge, Enock Mwita, la Haute cour doit se prononcer le 26 janvier 2024.
En attendant, Mme Richardson a expliqué que les Kenyans se préparaient intensivement à la future mission, qui ne dépend pas de l'ONU.
Ainsi, une délégation kényane s'est déjà rendue en Haïti pour y préparer son déploiement et est demandeuse d'un maximum d'informations, a encore noté Mme Richardson.
De nombreuses discussions ont eu lieu entre l'ONU et le Kenya pour mettre en place cette force dont l'action s'annonce très difficile.
Rétablir les institutions
La situation politique est elle aussi dans une quasi impasse au point que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est dit "préoccupé par les progrès limités du dialogue inter-haïtien vers une solution politique durable et inclusive pour rétablir les institutions démocratiques du pays".
"Le Secrétaire général souligne l'importance d'un accord sur la restauration des institutions démocratiques – prévoyant des élections crédibles, participatives et inclusives – pour parvenir à un État de droit et à une sécurité durables", a ajouté son porte-parole Stéphane Dujarric.
M. Guterres "appelle l'ensemble des acteurs politiques et des parties prenantes en Haïti à se rassembler et à parvenir en priorité à un large consensus".
Selon Mme Richardson, il faudra 12 à 18 mois pour organiser les élections, une fois la situation suffisamment stabilisée.
L'assassinat en 2021 à Port-au-Prince du président Jovenel Moïse a un eu plus plongé Haïti dans le chaos.
Aucune aucune élection n'a pu avoir lieu depuis 2016 et la présidence est vacante depuis la mort de M. Moïse.