Le président kényan William Ruto a défendu jeudi devant le Parlement sa politique économique, affirmant vouloir s'attaquer à une dette publique "inutile" dans ce pays d'Afrique de l'Est, malgré un mécontentement croissant de la population.
Kenya : le président défend sa politique économique, malgré les critiques
Le premier discours sur l'état de la nation de M. Ruto, élu en 2022, intervient au lendemain de l'annonce par le ministre des Finances, Njunguna Ndung'u, que le pays se trouvait dans une "situation financière difficile".
Locomotive d'Afrique de l'Est, l'économie kényane a été sérieusement ébranlée par le Covid, puis l'onde de choc de la guerre en Ukraine et une sécheresse historique dans la Corne de l'Afrique.
La dette publique du pays de quelque 53 millions d'habitants s'élevait à plus de 10 100 milliards de shillings (64,4 milliards d'euros) fin juin, selon les chiffres du Trésor, soit environ deux tiers du produit intérieur brut.
"Nous devons admettre qu'en tant que pays, nous avons vécu au-dessus de nos moyens", a déclaré le chef de l'Etat kényan, arrivé au pouvoir en 2022, après avoir servi pendant deux mandats comme vice-président.
"Le temps est donc venu de supprimer les conforts illusoires (...) et les subventions contre-productives à la consommation car nous creusons davantage le trou inutile de la dette", a-t-il poursuivi.
Après son élection en août 2022, William Ruto a introduit une série de nouveaux impôts et taxes, à rebours de ses promesses de campagne. Contre ces nouvelles mesures fiscales, des manifestations, qui ont fait plusieurs dizaines de morts, ont été organisées entre mars et juillet à l'appel de l'opposition.
Le chef de l'Etat a également réduit les subventions - notamment sur l'essence - introduites par son prédécesseur Uhuru Kenyatta, affirmant qu'il préférait subventionner la production plutôt que la consommation.
"Une nouvelle direction n'est peut-être pas facile, mais elle est éthique, responsable, prudente et surtout nécessaire ", a affirmé M. Ruto, ajoutant avoir dû faire des "choix douloureux".
La croissance économique a ralenti à 4,8% en 2022, contre 7,6% en 2021, et les prévisions de croissance pour 2023 s'annoncent inférieures à 2022.
Si l'inflation a ralenti (+6,9% sur un an en octobre), les prix de l'essence, de denrées alimentaires de base et de l'énergie restent élevés.
Le coût du service de la dette publique, principalement envers la Chine, a fortement augmenté avec l'effondrement de la monnaie.
En juin 2024, le Kenya doit également rembourser 2 milliards de dollars d'euro-obligations.
William Ruto a annoncé jeudi que le pays rembourserait le mois prochain une première tranche d'une valeur de 300 millions de dollars, ajoutant que la dette publique était "devenue une source de grande inquiétude pour les citoyens, les marchés et nos partenaires".
En juillet, l'agence de notation Fitch a abaissé la capacité du Kenya à rembourser les prêteurs internationaux de "stable à négative" .