De vieilles voitures Renault 12 exposées au Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, à Marseille, en France à partir du 29 septembre.
France : au Mucem, une exposition des "Renault 12 des vacances au bled"
Pendant un mois, elles vont ramener au goût du jour, le périple de milliers de Maghrébins qui rentraient au pays pendant les vacances après des mois de dur labeur en France.
L’exposition est estampillée Mohamed El Khatib, artiste associé pour l'année 2023 au MUCEM.
"Ici, au Mucem, nous avons installé une dizaine de voitures, essentiellement des Renault 12 et 504, les deux voitures mythiques des épopées méditerranéennes. C'est-à-dire que dans les années 70 et 80, c'était les voitures du retour au bled, et ce que j'ai pu constater, après avoir rencontré une centaine de Marseillais, c'est que le retour au bled fait partie du patrimoine national", explique Mohamed El Khatib , artiste invité au Mucem.
Le metteur en scène a voulu à travers cette initiative rendre hommage à la génération de son père qui, "pendant les années 1970, 1980, 1990 a sillonné la Méditerranée, arpenté les routes françaises jusqu'à l'Espagne puis le Maroc et l'Algérie". Sans GPS ni climatisation, plusieurs jours durant.
"Ce sont des voitures qui évoquent tout de suite... qui portent la tendresse et qui sont presque des moteurs d'émotion. Parce qu'elles sont immédiatement imprégnées d'un autre temps, d'un autre lieu, plutôt joyeux d'ailleurs. Ces voitures sont un peu comme les madeleines de Proust. Ce sont des souvenirs d'enfance. Et dès que vous en mettez une au musée, les gens viennent vraiment vous raconter leurs histoires et partager leurs histoires, donc ce sont des voitures à histoires", raconte Mohamed El Khatib.
Les clichés grand format de la photographe marseillaise Yohanne Lamoulère, mêlés aux photos d'époque récoltées auprès des habitants reconstituent ce "pan d'histoire peu exploité".
"Pour moi, ce sont des souvenirs heureux, parce que je vois mon père travailler dix mois par an et tout d'un coup, il y avait quelque chose de festif et on avait le sentiment de faire partie d'une histoire collective. Et je me souviens, dès qu'on prenait l'autoroute, des gens qu'on ne connaissait pas, mais parce qu'ils étaient chargés comme nous, les voitures se klaxonnaient et tout d'un coup on faisait partie d'une histoire.", affirme Mohamed El Khatib.
Des voitures qualifiées de cathédrales, à cause de leurs chargements improbables. Chaque année, la grande transhumance estivale prenait des airs festifs. Mais pas que, la carrosserie cabossée de d'une voiture rappelle aussi que certaines familles n'arrivaient jamais à destination.