Sahel : les artistes dépités par la polémique des visas pour la France

L'artiste nigérien Yacouba Moumouni "Danke Danke" joue de la flûte à Niamey le 15 septembre 2023.   -  
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La France va continuer à accueillir des artistes du Sahel, après une polémique née d'une directive administrative demandant à cesser toute collaboration avec le Niger, le Burkina Faso et le Mali, où ses services consulaires sont fermés.

"La vocation de la France, c'est d'accueillir les artistes, les intellectuels, et de pouvoir justement les faire rayonner en toute liberté", a déclaré vendredi Emmanuel Macron. Mais au Niger la polémique n'est pas passée sous silence.

"Les Français ils devraient nous respecter. Si on dit, je ne vais pas donner de visa, c’est comme si tu disais à un enfant que si tu ne fais pas ça, je ne peux pas t’acheter un bonbon. Nous ne sommes pas à ce niveau,  on l'a dépassé", raconte Yacouba Moumouni, flûtiste et chanteur.

"Ni boycott, ni représailles" a assuré le gouvernement français. Précisant que seuls sont suspendus les projets prévus au Niger, au Mali et au Burkina Faso pour des raisons de sécurité. Les artistes des pays concernés ne cachent pas leur dépit.

"On ne quémande pas. Nous sommes des sociétés du monde. Nous sommes des artistes du monde. Et le monde est obligé de composer avec nous. On ne peut pas ôter nos cultures de la culture du monde. Le Niger, le Burkina, le Mali vivent des problèmes aujourd’hui et ce n’est pas des problèmes des moindres. Demander son indépendance, son autonomie ce n’est pas trop demander. Que les gens nous comprennent", tempête Rachid Ramane, président de la Fédération des Associations Artistiques et Culturelles du Niger.

Mais le contexte diplomatique actuel entre la France et ces trois pays n’est pas sans conséquence sur la coopération culturelle. L'impossibilité de délivrer de nouveaux visas, pour des raisons de sécurité pourrait entraver l’organisation des événements impliquant des artistes du Sahel.

"Toute culture qui ne s’ouvre pas qui se renferme sur elle c’est une culture qui est appelée à mourir. Nous en Afrique, on remercie Dieu on est ouvert à tout le monde et si ce n’est pas parce qu’on ne peut pas aller en France on a l’Afrique, on a les autres parties du monde. Ils n’ont qu’à se fermer entre eux. Ils n’ont qu’à se fermer dans leur carcan. Ils vont voir s’ils vont évoluer. Ils n’ont qu’à mettre de l’eau dans leur vin. C’est une période, c’est un…qui a sonné il faut qu’ils aient l’intelligence pour affronter cette nouvelle ère", a déclaré Garba Mahamane Lawali, directeur du centre de formation et de promotion musicale du Niger.

La France a interrompu le 29 juillet et le 6 août toutes ses actions d'aide au développement et d'appui budgétaire avec le Niger et le Burkina Faso. En novembre 2022, elle l'avait déjà fait pour le Mali.

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