Les Zimbabwéens se rendent aux urnes mercredi à la faveur du double scrutin législatif et présidentiel. En cas de victoire, Emmerson Mnangagwa entamera le dernier quinquennat à la tête de son pays selon la constitution. Mais dans son cercle, la tentation du troisième mandat est grande.
Zimbabwe : Mnangagwa, un 3e mandat présidentiel déjà dans le viseur ?
Des sections du parti au pouvoir, la ZANU-PF, y compris les ailes des jeunes et des femmes, ont déjà évoqué l'idée d'une modification de la constitution pour pérenniser son règne.
En juillet, lors d'un rassemblement d'une secte chrétienne qui le soutient, Mnangagwa a fait une déclaration laissant entendre que le maintien au pouvoir pouvait être obtenu par des prières à l'église
"Vous avez quelqu'un qui a été la doublure politique de Robert Mugabe, donc toutes les choses négatives que vous pouvez dire sur la politique zimbabwéenne, Mnagangwa a grandi avec ce système et donc maintenant qu'il est au pouvoir et qu'il a l'armée derrière lui, il va utiliser les mêmes mauvaises tactiques pour s'accrocher et rester au pouvoir. Mnagangwa ne représente donc pas le changement et s'il s'accroche au pouvoir, c'est parce qu'il connaît toutes les ficelles du métier du point de vue de la science politique et qu'il utilisera l'État, il utilisera toutes les armes pour rester au pouvoir", explique Edgar Githua, expert en relations internationales, conflits et diplomatie à la United States International University-Africa.
Six ans après son arrivée au pouvoir, le tombeur de Robert Mugabe peine à remettre sur les rails l’économie du Zimbabwe sous sanctions occidentales depuis deux décennies.
".Lorsqu'ils l'ont mis au pouvoir, le Zimbabwe a poussé un soupir de soulagement. En fait, l'économie semblait évoluer, certaines sanctions semblaient devoir être levées. Mais le changement que le Zimbabwe attend, en économie, on dit qu'il s'agit de changements macro-économiques, qui ne se produiront pas en très peu de temps. Il faudra attendre la fin du mandat de Mnagangwa pour effacer une partie des dégâts économiques que le Zimbabwe a subis.’’, Edgar Githua.
Sur le plan diplomatique par contre, le ‘’ crocodile’’, a opté pour l’apaisement avec les occidentaux. Et demande même la réintégration du Zimbabwe dans le Commonwealth.
"Il y a aussi certaines choses qui ont changé, en particulier un ton réconciliateur et moins conflictuel. Mugabe était connu pour sa rhétorique de confrontation : "Gardez votre Grande-Bretagne, je garderai mon Zimbabwe, le Zimbabwe ne sera jamais une colonie" et il a même transformé toute une élection en une élection anti-Blair. Ce type de rhétorique a donc disparu. Mnagangwa s'occupe de consolider son pouvoir plutôt que de se quereller sur la scène politique mondiale, comme c'était le cas avec Mugabe.’’, souligne Alexander Rusero, analyste politique.
Pas de quoi convaincre les occidentaux qui ont maintenu leurs sanctions. Les violations présumées des droits de l’homme sont passées par là.