Un tribunal a suspendu pendant 14 jours la reprise de l'exploitation des forêts au Kenya, annoncée par le président William Ruto en juillet après plus de cinq ans d'interdiction, ont indiqué mercredi des opposants à la mesure présidentielle.
La reprise de l'exploitation forestière divise le Kenya
Le tribunal de l'Environnement et de la terre de la capitale kényane Nairobi a ordonné une suspension pour 14 jours, dans l'attente de l'examen d'un recours déposé par la Law Society of Kenya (LSK), association professionnelle d'avocats. L'audience est fixée au 14 août.
Lors de l'annonce début juillet, William Ruto avait affirmé que cette décision, "attendue de longue date", visait à créer des emplois et à développer les secteurs de l'économie qui dépendent des produits forestiers.
"Nous ne pouvons pas avoir des arbres matures qui pourrissent dans les forêts alors que les habitants souffrent du manque de bois", avait-il expliqué.
L'interdiction avait été prise en février 2018 pour enrayer la disparition rapide des forêts au Kenya.
La LSK conteste la fin de cette interdiction, arguant que le gouvernement n'a pas consulté la communauté scientifique sur son impact environnemental, "au mépris total du rôle crucial que jouent les forêts dans l'atténuation du changement climatique, la préservation de la biodiversité et la sauvegarde d'écosystèmes vitaux".
Le tribunal a "donné raison à la demande de la Law Society de suspendre la mise en œuvre de la directive", a déclaré mercredi la LSK sur Twitter, rebaptisé "X".
Dans sa décision, datée du 1er août, le tribunal a également ordonné l'arrêt de la délivrance de permis d'exploitation forestière par les autorités.
Les défenseurs de l'environnement affirment que la décision du président Ruto va à l'encontre de sa promesse de campagne d'août 2022, durant laquelle il avait notamment fait de la plantation de 15 milliards d'arbres une mesure-phare de son programme contre le changement climatique.
"Il y a eu des inquiétudes concernant la levée du moratoire sur l'exploitation des arbres", a affirmé mercredi le chef de l’État, qui doit accueillir en septembre une conférence internationale à Nairobi sur le changement climatique.
"Pour éviter tout doute, ce ne sera pas une occasion de revenir sur notre opération de plantation d'arbres. Nous allons nous assurer que (la levée de l’interdiction) ne mène pas à ce que nous avons vu dans le passé", a-t-il poursuivi.
L'industrie du bois du Kenya emploie environ 50.000 personnes directement et 300.000 indirectement, selon les chiffres du gouvernement, dans un pays d'Afrique de l'Est touché par le chômage et l'inflation.