Après les inondations du mois de mai dans l’est de la République démocratique du Congo, les communautés de Bushushu et Nyamukubi ont été ravagées.
RDC : des victimes d'inondations n'ont pas reçu d'aide
Les glissements de terrain de la nuit du 4 mai, ont été dévastateurs et les villages logés dans une baie du lac Kivu ont disparus sous les débris, les rochers et la boue.
Un peu plus d’un mois plus tard, des corps inanimés sont retrouvés sous la terre.
Selon les services de la province, plus de 2500 personnes sont toujours portées disparues, officiellement seules 443 personnes ont été enterrées.
"Ici, vraiment on a trouvé beaucoup de corps ici quand la machine (la tractopelle, ndlr.) est passée. Il y a au moins 13 corps qu'on a trouvé. Il y a aussi des caisses - parce que de l'autre côté c'était des boutiques - on a trouvé des caisses vides, des alcools, de l'argent, des habits aussi, des matelas qui étaient déjà abimés... mais c'était de l'autre côté.", s'est confié Crispin Chiringa, survivant de la catastrophe de Bushushu, a perdu plusieurs membres de sa famille.
Quelques jours après la catastrophe, le gouvernement a annoncé une aide pour 200 familles sinistrées d'un montant de 2,5 millions de francs congolais (environ 1.100 dollars) par ménage.
Aujourd'hui, ceux qui ont survécu dénoncent une aide qui semble ne pas avoir été distribuée de façon équitable.
Arrivés dans les valises de la délégation gouvernementale le 9 mai, les 200.000 dollars en cash d'aide aux sinistrés ont été retenus pendant plus de deux semaines sous le contrôle de l'administrateur du territoire à Kalehe-centre, à 20 km au sud des glissements de terrain.
"Ils nous ont dit qu'il y avait beaucoup d'argent, mais ils l'ont détourné eux-mêmes. Ils ne nous ont donné que 380 000 (francs congolais - environ 150€ - au lieu des 2 500 000 - environ 990€ - annoncés par le gouvernement, ndlr). Ils nous ont dit que tout l'argent avait été distribué, mais ils l'ont détourné. Je suis allé signer (la liste des bénéficiaires, ndlr), puis ils m'ont empêché [de récupérer l'argent], ils ont dit que j'avais volé ce jeton (permettant de récupérer l'aide, ndlr)", s'est insurgéeNamavu Luitire, mari et enfant décédés dans la catastrophe, survivante de Nyamukubi.
Depuis le 29 mai, un ingénieur se débat avec une dizaine d’ouvriers, une seule pelleteuse et deux camions-benne pour enlever les gravats.
D’autres habitants ont été accusé d’avoir détourné des cercueils ainsi que l’aide humanitaire composée de matériels, de sacs de riz, de couvertures et de vêtements.
"On a des informations selon lesquelles il y a même des sacs de riz, des sacs de farine, des couvertures et des habits de femmes qui ont été découverts à Kalehe centre, alors que les femmes de Nyamukubi et les femmes de Bushushu, qui sont des victimes directes de ces inondations, vous avez vu, elles passent la nuit à même le sol, elles n'ont même pas quoi mettre sous la dent. ", a déclaréEric Dunia, avocat chargé d'enquêter sur les allégations de fraude au nom d'un parlementaire.
Une quinzaine de rescapés et des représentants de la société civile locale témoignent tous d'irrégularité sur les listes des bénéficiaires de l'aide.
Eric Dunia a dénoncé un système de rétrocommission mis en place par certains membres des comités de distribution.