Un projet de loi controversé visant à instaurer une couverture santé universelle en Afrique du Sud a été adopté mardi à l'Assemblée nationale, après d'intenses débats, l'opposition craignant que le système de santé du pays, déjà surchargé, ne s'effondre si le texte entrait en vigueur.
Afrique du Sud : la couverture santé universelle crispe l'opposition
Les députés ont voté en faveur du projet de loi "NHI" (National health insurance) à 205 voix contre 125. Le texte doit encore passer devant la chambre haute du Parlement, le Conseil national des provinces.
Le ministre de la Santé, Joe Phaahla, a salué "une étape historique" pour le projet de loi en élaboration depuis douze ans, estimant qu'il s'agissait d'"un des textes législatifs les plus révolutionnaires" depuis la fin de l'apartheid il y a une trentaine d'années.
Dans la première puissance industrielle du continent, les hôpitaux publics sont souvent surpeuplés et en manque de moyens ou de personnels. Les plus privilégiés se tournent vers le secteur privé.
Le NHI offrira "un système de soins de santé équitable, accessible, abordable et solide", a promis M. Phaahla. La loi "garantira à tous les Sud-Africains l'accès à la même clinique ou au même hôpital (public ou privé), près de leur lieu de résidence ou de travail, sans qu'ils aient à payer. Le gouvernement paiera".
Le texte prévoit que les tarifs seront fixés par l'Etat et la création d'un fonds financé par les impôts et des cotisations .
Si la loi était promulguée, neuf millions sur 60 millions de Sud-Africains, qui ont une assurance médicale, "devront être pris en charge par un système de santé public déjà surchargé", a fustigé Michele Clarke, du premier parti d'opposition du pays, l'Alliance démocratique (DA).
Mettant en garde contre " un exode massif des professionnels de santé", Mme Clarke a estimé que la présentation du texte était une manœuvre de l'ANC au pouvoir avant les élections générales l'an prochain.
"En promettant tout à tout le monde, à la fin, il ne restera plus rien pour personne", a renchéri Philip van Staden, du petit parti d'opposition majoritairement blanc, FFPlus.
Le secteur privé a également exprimé des craintes.
Une telle loi risque d'"aggraver la situation de tous les Sud-Africains, en instaurant un système où la fourniture de soins par l'État deviendra impossible et où l'offre par le secteur privé sera fermée" , a estimé Busi Mavuso, de Business Leadership South Africa, forum rassemblant certaines des plus grandes entreprises du pays.