Deux jours après des pluies meurtrières au Rwanda, la République démocratique du Congo voisine a été frappée jeudi soir par des inondations qui ont fait plus d'une centaine de morts dans la province du Sud-Kivu (Est), selon un bilan encore provisoire vendredi.
Plus d'une centaine de morts dans des inondations dans l'est de la RDC
Un responsable du territoire touché a évoqué un "bilan provisoire d'une centaine de morts" et un député a avancé sur une radio locale un total d'environ 150 morts et de nombreux disparus.
Des villages du territoire de Kalehe , à l'ouest du lac Kivu marquant la frontière entre la RDC et le Rwanda, ont été submergés lorsque des rivières sont sorties de leur lit, a expliqué Archimède Karhebwa, administrateur assistant du territoire.
Les localités les plus touchées sont notamment Chabondo, Bushushu, Nyamukubi , dans le groupement Mbinga-Sud, où les recherches des disparus se poursuivent. Des centaines de maisons ont été emportées, des champs dévastés, les eaux ont même "surpris des vendeurs et leurs clients sur les marchés" , a-t-il ajouté.
"La pluie a commencé vers 17H00 et après, la rivière a emporté les villageois. J'ai perdu mon père, ma mère, et aussi 11 enfants qui étaient dans ma maison" , a déclaré Innocent Mupenda, rapporteur de la société civile du groupement Mbinga-Sud.
Le député Vital Muhini, élu de Kalehe, a déploré sur Radio Okapi Bukavu "des dégâts dévastateurs, humains et matériels" , avant de détailler les bilans provisoires : 72 morts à Chabondo, 31 à Bushushu, 45 à Nyamukubi... Les disparus se compteraient par centaines selon lui.
Un membre des équipes de secours a indiqué dans l'après-midi sous couvert d'anonymat que 68 corps avaient été retrouvés. "Les recherches se poursuivent dans les décombres", a-t-il dit.
Selon l'administrateur assistant du territoire, "c'est la 4e fois que de tels dégâts sont causés par les mêmes rivières (...), il ne passe pas dix ans sans qu'elles causent des dégâts énormes" .
Le village de Bushushu en particulier avait été dévasté en 2014 par des pluies diluviennes qui avaient fait des dizaines de disparus.
"Déboisement"
Après les précédentes catastrophes, "des études avaient été faites, il avait été demandé que les gens vivant le long des rivières soient déplacés" , a rappelé M. Karhebwa.
Ces dégâts, a-t-il commenté, sont dus en partie à "un processus naturel indépendant de la volonté de l'homme". Mais ils sont aussi liés "au déboisement, qui contribue au changement climatique".
"Nous lançons un SOS aux personnes de bonne volonté et à des aides humanitaires urgentes" , notamment pour enterrer les corps, a-t-il ajouté.
Dans la nuit de mardi à mercredi, des inondations et glissements de terrain causés par des pluies saisonnières torrentielles ont fait au moins 130 morts dans le nord, l'ouest et le sud du Rwanda, l'une des pires catastrophes enregistrées dans le pays ces dernières années.
L'Afrique de l'Est connaît régulièrement des inondations lors des saisons des pluies. Leur intensité et leurs fréquences ne devraient cesser d'augmenter avec le derèglement climatique, estiment les experts météorologiques.
Début avril, un glissement de terrain provoqué par la pluie avait fait une vingtaine de morts dans le Nord-Kivu, province congolaise voisine du Sud-Kivu.
Des inondations de moindre ampleur sont aussi signalées dans le reste de la RD Congo, immense pays qui s'étend vers l'ouest jusqu'à la côte Atlantique.
A Kikwit, par exemple, chef-lieu de la province du Kwilu (ouest), une inondation provoquée par une montée de la rivière Kwilu vient de faire deux morts, selon la société civile, et a provoqué des dégâts matériels au niveau du port, où des tonnes de maïs et de manioc ont été abîmées.
Et en décembre dernier, plus de 120 personnes avaient péri dans la capitale Kinshasa dans des inondations et glissements de terrain provoqués là aussi par une pluie torrentielle.