Le gouvernement gambien a déclaré mercredi avoir déjoué une tentative de coup d'Etat. Et depuis de nombreuses rumeurs circulent sur les responsables de ce putsch raté, comme l’explique Essa Njie, professeur de sciences politiques à l’université de Gambie.
Gambie : la tentative de coup d'Etat comme signe d'une crise profonde
"Il y a quelques jours, l’ancien président Yahya Jammeh a fait savoir qu'il reviendra en Gambie pour diriger le pays à nouveau, et que personne ne pourra l'en empêcher. 72 heures plus tard, nous avons appris qu'un coup d'État avait échoué dans le pays. Les gens ont donc essayé d'établir des liens entre la déclaration de Jammeh et la tentative de coup d'État."
Yahya Jammeh reste influent, après avoir dirigé le pays pendant plus de 20 ans. Il a été battu à la présidentielle de 2016 et est en exil en Guinée-Équatoriale.
"Ce que nous constatons aujourd'hui, c'est que nous devons aller vers la consolidation de nos acquis démocratiques. Et consolider nos acquis démocratiques signifie que notre démocratie doit être mûrie, soutenue et qu'elle doit aussi résister au retour à l'autocratie. Je pense également que la situation sécuritaire est fragile et que nous n'en sommes pas encore au stade où nous pourrions dire que l'armée est loyale envers ces institutions démocratiques. Car les réformes censées inculquer ce sens du professionnalisme et des valeurs démocratiques ne sont pas encore achevées, elles n'ont pas encore enregistré de progrès significatifs et elles se déroulent à un rythme très lent", poursuit l'expert.
Début décembre, les membres de la CEDEAO, dont fait partie la Gambie, ont décidé de créer une force régionale pour intervenir en cas de putsch. Depuis 2020, la région a connu des coups d’Etat au Mali, au Burkina Faso, en Guinée et une tentative en Guinée-Bissau.