Le camp de déplacés de Mungote, dans la localité de Kitshanga, dans le territoire de Masisi, dans l’est de la RDC. Plusieurs personnes ayant échappé au massacre de Kishishe du 29 novembre, attribué aux rebelles du M23 s’entassent ici. Ils ont parcouru des dizaines de kilomètres à pied pour se mettre à l’abri.
RDC : le calvaire des survivants du massacre de Kishishe
Selon une enquête préliminaire de l'ONU, au moins 131 civils ont été exécutés ce jour-là par le M23 ("Mouvement du 23 mars"), une rébellion majoritairement tutsie qui s'est emparée ces derniers mois de vastes portions du territoire de Rutshuru , voisin du Masisi, au nord de la capitale provinciale du Nord-Kivu, Goma.
Les rebelles sont aussi accusés de viols, enlèvements et pillages, commis sur la population civile en représailles d'une attaque de groupes armés essentiellement hutu .
"Nous pensions que cette guerre ne devrait concerner que l’armée et le M23, mais quand les rebelles envoyés par Kagamé sont arrivés à Kishishe, ils ont tué des civils. Ils nous inquiètent, car ils veulent s’approprier nos terres.’’, explique Tobi Kahombo , Société civile de Kitshanga.
Environ 4 000 ménages ont posé récemment leurs valises à Kitshanga alors que la localité abritait déjà 40 000 familles arrivées depuis des années lors d’une précédente offensive du M23.
"Dans le camp, nous vivons dans des conditions difficiles, les gens meurent de faim, nous avons logé dans de petites maisons des familles de 5 à 6 personnes, les enfants et leurs parents tous ensemble, ils n'ont nulle part où aller.", explique Vumiliya Perusi, vice-présidente du camp Mungote.
Tuyisenge, elle, est une mère de famille de 30 ans. "J'étais à l'église et j'ai pu m'échapper. Certains ont résisté et ont été tués. J'ai vu neuf morts", confie-t-elle, les larmes aux yeux.
"J'ai sept enfants, mais je suis arrivée ici avec trois. Les quatre autres ont disparu et mon mari, je n'ai pas de nouvelles", ajoute-t-elle.
Le M23 a repris les armes en fin d'année dernière, reprochant au gouvernement de Kinshasa de ne pas avoir respecté des engagements sur la démobilisation de ses combattants.
Face à ce calvaire, les déplacés tentent de trouver leur salut dans la foi. Les appels au cessez-le-feu de la communauté internationale tardent à être entendus.